Turquie : L’élimination de l’opposition révolutionnaire n’est pas pour demain




Le gouvernement turc mène depuis 2016 une lutte contre les mouvements progressistes, avec l’aide des religieux et des nationalistes. Face aux purges et aux attaques, les militantes et militants anarchistes turcs tentent de s’organiser pour la révolution sociale.

Le gouvernement turc mène depuis 2016 une lutte contre les mouvements progressistes, avec l’aide des religieux et des nationalistes. Face aux purges et aux attaques, les militantes et militants anarchistes turcs tentent de s’organiser pour la révolution sociale.

Dans un entretien donné par un militant de l’Action anarchiste révolutionnaire (DAF), une organisation révolutionnaire basée en Turquie, l’auteur, Paddy Rua, retransmet l’état du mouvement anarchiste turc  : entre violente crise économique, répression et montée des groupes nationalistes, on peut y lire les analyses du mouvement libertaire de Turquie et ses tentatives d’infléchir sur le cour des événements. L’entretien est à retrouver, en anglais, sur le site internet du réseau Anarkismo. [1]

Deux ans après le coup d’État manqué de 2016, le régime d’Erdogan et de son parti l’AKP (Parti de la justice et du développement) continue sa politique de violente répression de l’opposition. Officiellement, la répression et les grandes purges visent le Mouvement Gülen, un mouvement religieux accusé d’être à la source de la tentative de putch. Dans les faits, l’état d’urgence décrété par le régime a permis de s’attaquer brutalement aux organisations de l’opposition et notamment aux révolutionnaires. La DAF en a fait les frais avec l’interdiction de son journal Meydan, et de nombreuses autres organisations ont été durement frappées par la répression. Malgré une crise économique de plus en plus sévère, la répression empêche tout mouvement social d’ampleur de se développer. À titre d’exemple, le militant de la DAF rapporte qu’une grève, déclenchée courant octobre 2018 sur le site du projet de construction d’un troisième aéroport à Istanbul, s’est soldé par la mise en détention de 600 ouvriers pour «  grève illégale soutenue par des puissances étrangères  », dont 13 ont par la suite été condamnés à de la prison. Profitant de cette situation, de nombreux groupes religieux et nationalistes de Turquie se sont attaqués aux mouvements progressistes, dans la complaisance du pouvoir en place qui encourage même ces exactions par des discours violents et belliqueux, notamment à l’encontre du mouvement kurde.

La promotion d’une culture de la solidarité et de l’entraide

Face à cette situation, beaucoup d’organisations ont cherché à affronter l’AKP sur le plan électoral. Cette action s’est avéré stérile, elle a légitimé démocratiquement le régime d’Erdogan et de l’AKP par la défaite des forces progressistes.

La DAF, malgré la situation, a tenté depuis 2016 de faire entendre sa voix au travers de plusieurs investissements. Elle a d’abord cherché, selon ses termes, à faire sortir les luttes du champ électoral et faire valoir les luttes sociales et les actions de rues. Contre la crise économique, elle a développé des modèles de solidarité entre opprimé.es, par des alternatives internationales. Enfin, avec ses centres sociaux, elle fait la promotion d’une culture basée sur l’entraide et la solidarité.

«  Les crises politiques et économiques sont des périodes difficiles, mais il est important de continuer notre lutte dans ces circonstances. [...] Toutes les politiques économiques et les stratégies sociales des capitalistes et des États visent les opprimé.es du monde entier. Nous appelons cette période “terreur-cratie”, avec ses visages comme Erdogan, Poutine, Assad, Trump, Maduro… Plus que jamais, nous avons besoin de solidarité internationale entre les opprimé.es. Et nous n’avons besoin de rien de moins que d’une révolution sociale.  »

Pierre (CGA Grenoble)

 
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