UPR : Asselineau : la supercherie bleu-blanc-rouge




Sous un républicanisme bon teint, le candidat à la présidentielle François Asselineau développe des idées souverainistes et un complotisme benêt. Sa première victime : l’histoire de France.

François Asselineau a obtenu les 500 signatures donnant accès à l’élection présidentielle. Nous ne nous pencherons pas particulièrement sur le portrait de ce personnage, qui a été tiré dans différents médias : tout a été dit ou presque sur son parcours le menant de cabinet en cabinet dont ceux de Pasqua et de Philippe de Villiers.

Énarque patriote, Asselineau a fait toute sa carrière à la droite de la droite (Longuet, Pasqua, De Villiers, Coûteaux...).
cc Wikimedia Commons

Mais la pénétration de l’Union populaire républicaine (UPR) dans l’espace public nous amène à nous interroger sur la nature de ce parti politique et en particulier de son programme électoral. Nous voyons nombre d’affiches sur les bords des routes, sur les réseaux sociaux. Plus inquiétant, quelques syndicalistes s’en réclament.

La force de ce parti est l’armée d’internautes [1] qui répètent les mêmes commentaires sur les réseaux, renvoyant vers des vidéos où l’on peut voir un Asselineau au ton professoral donnant, tel un gourou, des leçons à une assistance silencieuse.

Le projet du personnage se résume à trois points principaux : sortie de l’euro, sortie de l’UE et sortie de l’Otan. Ce discours qui fait florès auprès de l’extrême droite et des souverainistes de droite comme de gauche, est la ligne directrice de ce parti. Mais en se penchant un peu plus sur le programme, appelé sans pudeur « Les jours heureux du Conseil national de la Résistance », on s’aperçoit qu’Asselineau s’adonne à l’exercice périlleux du grand écart.

Programme de bric et de broc

Il est assez étonnant de voir dans ce programme que le « refus de la stigmatisation des Français d’origine arabe ou de confession musulmane » est tout de suite suivi par la lutte contre le terrorisme, association d’idée qui a la peau tenace. En ce qui concerne l’immigration, l’UPR botte en touche préférant s’en remettre à un « référendum » sur ce thème, dont on ne connaît pas le contenu.

En matière économique, l’UPR revendique un retour au programme du CNR, en nationalisant totalement ou partiellement des secteurs de ­l’économie (EDF, GDF, autoroutes…), mais en même temps favorisant l’actionnariat salarié afin paraît-il d’empêcher les délocalisations. L’actionnariat salarié n’a pourtant jamais limité le caractère capitaliste des entreprises...

Enfin, les questions sur l’IVG, le mariage homosexuel ou bien l’euthanasie sont « mises de côté pour se concentrer sur les choses essentielles », ainsi Asselineau décrète ce qui est important ou non… Un programme confus picorant à droite et à gauche, encourageant dans le même mouvement la création de Scop et l’auto-entrepreneuriat…


ASSELINEAU, MARMITON DE L’HISTOIRE DE FRANCE

Une vidéo du sympathique Usul qui moque gentiment les prétentions d’Asselineau à triturer l’histoire de France.

Son roman national a été démonté sur le blog d’histoire Veni Vidi Sensi.

Dans une vidéo durant trois heures quinze (!), le dirigeant de l’UPR refait en effet toute l’histoire de France à coup de Powerpoint, et dans le plus pur style patriote de la IIIe République, allant jusqu’à nous expliquer les vertus du « colonialisme intelligent » du maréchal Lyautey au Maroc parce que, dixit, « être français, c’est aussi être généreux et ouvert sur les cultures et les peuples du monde entier »...


L’UPR se veut le réceptacle des déçu.es de la politique et, comme beaucoup de candidats, Asselineau entend redonner la parole au peuple, sans vraiment en donner une définition. Sans grande surprise, Asselineau est interclassiste, imaginant une société française où patronat et salariat vivraient en harmonie. Si nous lisons entre les lignes, ce programme se rapporterait plus au fameux adage lepéniste « la gauche du cœur, la droite des valeurs ».

Un discours anti-américain pour vanter la « grandeur de la France » à restaurer, un discours délirant voyant le complot américain partout. Il y a dans la tête d’Asselineau la conspiration d’un groupe occulte – ici la CIA – suffisamment puissant pour tirer d’innombrables ficelles, tout en restant bien entendu hors de la vue du commun des mortel.les.

Ce genre de courant qui, sous couvert de subversion, simplifie le monde, instille la tumeur nationaliste dans la pensée, discrédite la critique sociale, et au bout du compte décourage toute action collective, est aux antipodes du contre-pouvoir que nous construisons dans les luttes.

Martial (AL Saint-Denis)

Un extrait de la conférence d’Asselineau sur l’histoire de France, avec les « figures positives » du colonialisme : le missionnaire Charles de Foucault ; le maréchal Lyautey au Maroc ; Paul Doumer, gouverneur de l’Indochine.
Vers 2:20:00 de la vidéo.

[1Depuis que cet article a été publié, des cohortes de ses petits soldats envoient des mails indignés à Alternative libertaire ! Une réponse leur a été faite.

 
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