Universités : Ne pas laisser l’UNEF reprendre la main




Ne pas laisser le thème de la précarité étudiante à l’Unef, et impulser l’auto-organisation, tel devra être le rôle des militants et militantes autogestionnaires à la rentrée.

La collaboration du principal syndicat enseignant (Snes-sup) et étudiant (Unef) a joué un rôle non négligeable dans le passage de la LRU en participant à l’application de la loi, via les commissions de travail réunies en pleine grève, mais aussi lors des votes des conseils d’administration des universités. En plus de la difficulté à massifier la lutte, la division syndicale a été largement instrumentalisée par le gouvernement pour discréditer et marginaliser la contestation étudiante, avec un relais médiatique assez complaisant.

Attention, l’Unef s’énerve

L’absence de participation claire à la lutte contre la LRU de l’Unef a été cette fois-ci clairement perçue par les étudiants et les étudiantes. Le syndicat étudiant y laissera des plumes : la démission de militants, la progression très significative des syndicats de luttes (FSE, Sud-étudiant) aux élections et surtout la création de nouvelles sections syndicales de luttes.

Pour ne pas laisser le terrain au syndicalisme étudiant de lutte, l’Unef fait courir le bruit qu’elle veut lancer un mouvement étudiant à la rentrée contre la précarité étudiante. Les motivations sont certes plus complexes et entremêlées : l’échec des années de négociations ministérielles sans rapport de forces sociale, l’approche du congrès du PS où l’agitation sociale peut être une occasion de démontrer le poids de l’aile gauche du parti (dont la direction nationale du syndicat est proche). Mais la volonté de « se réimposer sur le terrain des luttes étudiantes » est certainement la motivation principale de lancer un mouvement à la rentrée.

La LRU, c’est ça la précarité

C’est la raison pour laquelle, il appartient à présent aux militantes et militants autogestionnaires, syndiqués ou pas, de ne pas laisser l’Unef agir seule en sous-estimant sa volonté de mobilisation. À nous d’impulser la dynamique dès la rentrée par un travail d’information suivi d’appel à des assemblées générales en lien avec les syndicats interprofessionnels. La lutte contre la précarité étudiante et salariale, certes importante, est indissociable du combat contre les réformes universitaires en cours. L’application de la LRU en constitue la meilleure preuve. En laissant à terme la liberté de fixer les frais d’inscription et en facilitant davantage le recrutement de personnel vacataire, la LRU ne fera qu’accentuer la sélection sociale à l’entrée de l’Université mais aussi la précarité du personnel administratif et dorénavant enseignant. Et n’oublions pas le Plan Licence qui prévoit la baisse du volume horaire des cours, l’imposition en première année de matières dites rentables professionnellement. La contestation sociale dans la jeunesse scolarisée et non scolarisée est latente, mais encore faut-il la transformer en luttes !

Comme l’a mis en lumière le mouvement lycéen du printemps dernier, l’auto-organisation de la grève est loin d’être une pratique spontanée ! Autrement dit, une fois de plus, la prise en main des décisions par tous les grévistes est primordiale, notamment si on veut éviter la sur-médiatisation et les négociations ministérielles « dans notre dos » de certaines organisations syndicales (Unef, Cé, Fidl, Unl), qui sont loin de représenter au mieux les mouvements de la jeunesse.

K. (AL Paris Nord-Est)

 
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