Violences faites aux femmes : Dénoncer, haut et fort, tout le temps




25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes. Comment écrire un article qui dirait autre chose que les années précédentes ? Autre chose que le constat attristant de la persistance des hommes à maltraiter les femmes ou la revendication de moyens de prévention ? Autre chose que la nécessité d’abattre la domination masculine, le patriarcat ?

Réseaux sociaux et presse bruissent au moment où cet article est écrit du « scandale » lié à la dénonciation des agressions commises par un producteur de ciné étatsunien. Tout le monde le savait, tout le monde se taisait. Les hommes complices ou pas concernés, les victimes coincées entre des injonctions contradictoires.

Médias et justice ajoutent de la maltraitance à la maltraitance

Parler et ne pas être crues, devoir prouver leur parole, entendre les faits minimisés ; ne rien dire et se sentir complices des prochaines agressions, ne rien dire et éprouver la honte en lieu et place de l’agresseur, ne rien dire et être critiquée pour ce silence.

Dénoncer ou se taire, les femmes victimes de violences ont toujours tort. Les médias sont complices, Les Inrockuptibles viennent de se permettre une couverture à la gloire des émotions de Cantat qui massacra Marie Trintignant à coups de poings. La télé poubelle maltraite une auteure qui témoigne, ou banalise l’agression sexuelle quand un agresseur soulève une jupe. La justice accable les femmes victimes. Un rapport sexuel avec une enfant de 11 ans n’a pas été reconnu comme un viol, la fillette n’ayant pas protesté ; un père qui a violé sa fille de 9 à 15 ans a été condamné à 18 mois avec sursis… Le piège est total.

Des manifestations ont été organisées dans certaines villes

Ne plus se taire, dénoncer les porcs

Mais à chaque dénonciation, d’autres femmes parlent. Pas aux journalistes, pas à la police et à la justice dont elles n’ont la plupart du temps rien à attendre. Elles parlent aux associations qui sont débordées par les appels, elles parlent sur les réseaux sociaux inventant des mots-clés qui les unissent comme #balancetonporc ou #moiaussi. Et toutes, célèbres ou anonymes, ont une histoire de gestes agressifs, de paroles humiliantes, de viols. C’est peut-être ça la solution : la fin du silence qui protège les agresseurs, la dénonciation publique. D’abord, peu de femmes oseront mais on constate que c’est contagieux. Dénoncer en donnant un nom expose à des poursuites, mais si plusieurs femmes dénoncent le même porc (pardon aux animaux déjà victimes de l’élevage industriel)…

Les pouvoirs ne sont pas dans le camp des femmes, forgeons d’autres outils. Utilisons la honte, la mauvaise publicité, la peur du scandale, dénonçons et faisons virer les agresseurs de leurs milieux, leurs boulots.

Bien sûr, pour certaines femmes, dans certaines circonstances, parler est trop de douleur ou de difficultés. Le droit de ne pas parler doit être absolu.

Christine (AL Orne-Sarthe)

 
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