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Violences policières : Hocine, mort pour rien !




Parmi les trop nombreux crimes policiers, on compte le meurtre d’Hocine Bouras, 23 ans, mort d’une balle tirée à bout portant . Le policier responsable a bien sûr bénéficié de non-lieux.

Hocine Bouras avait 23 ans. Il est mort menotté sur l’autoroute A35 à hauteur de Colmar le 26 août 2014, d’une balle dans la tête tirée à bout portant par un gendarme volontaire, pendant son transfert de la prison de l’Elsau à Strasbourg, vers le TGI de Colmar. Hocine, placé en détention provisoire, devait être entendu car il était suspecté d’avoir tenté de braquer un Quick au pistolet à billes. Voilà pour le « passé de délinquant » de la victime.

Le gendarme sera tout d’abord placé en garde à vue, puis mis en examen par le parquet. Les faits seront qualifiés juridiquement de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». La légitime défense n’est alors pas établie ou « constituée ». Le gendarme, plaidant la légitime défense, à défaut d’être mis en examen sera placé sous statut de témoin assisté. Bénéficiant donc d’une construction judiciaire, sa culpabilité sera écartée a priori, dès le début de l’enquête. La justice statuera ensuite deux fois en sa faveur prononçant un non-lieu équivalent à l’abandon des poursuites, marquant ainsi l’arrêt de la procédure, laissant la famille à ses questions et à son deuil.

La version des deux gendarmes présents est la suivante : Hocine, menotté par devant, serait subitement devenu hystérique (jamais l’enquête ne pourra l’établir) et aurait agressé la gendarme assise à côté de lui pour lui voler son arme. Le gendarme conducteur aurait donc stoppé le véhicule et tenté de maîtriser Hocine avec sa matraque, sans succès. Il aurait ensuite sorti son arme, tirant à bout portant sur Hocine.

Dessin de la petite sœur d’Hocine

Bien que la reconstitution judiciaire n’ait pas été en mesure de corroborer la version des gendarmes – démontrant par ailleurs que le conducteur aurait pu gérer la situation sans user de son arme – un élément majeur soulevé dans les conclusions fut passé sous silence par le juge. Un témoin attestait en effet qu’Hocine était menotté les mains dans le dos, infirmant totalement la version officielle. Entravé de la sorte, Hocine n’aurait jamais pu commettre ce qui justifie la thèse de la légitime défense. Ce témoignage, infirmant pourtant totalement la version des gendarmes, n’a jamais été pris en compte. Hocine est mort, ses traces ADN sont sur l’arme et les témoignages respectifs des gendarmes sont concordants (à leur propre bénéfice). La légitime défense est retenue, non-lieu, affaire classée.

Les procès-verbaux mensongers, émanant d’agents du « maintien de l’ordre », sont quasi systématiques dans ce genre d’histoire : témoigner contre la victime et inverser les rôles est la meilleure façon de se prémunir de toute riposte judiciaire, sans parler de sanctions disciplinaires. De la même façon, ils n’hésitent pas à détruire ou à modifier les preuves directement sur le lieu de leur crime pour faciliter la production du discours judiciaire qui les dédouanera de toute responsabilité.

Cortège de soutien à Hocine lors la Mobilisation du 19 mars à Paris

Finalement, on ne compte plus les défenses invraisemblables qui aboutissent pour autant à des non-lieux. Un flic qui n’hésite pas à plaider la légitime défense, même quand il a assassiné une personne de dos à 20 mètres de distance, désarmée de surcroît, c’est du déjà-vu. La légitime défense, c’est le joker du policier meurtrier.

Le meurtre d’Hocine n’est pas un cas isolé. La liste des personnes assassinées par la police est longue, très longue, et les noms qu’elle contient sont quasi-exclusivement des noms de personnes racisées (non blanches) [1]. Les exemples ne manquent pas.
Le traitement médiatique acritique de ces meurtres donne une large place au discours policier et judiciaire (au nom de la sacro-sainte « objectivité » sans doute) et ne traite jamais de la problématique raciste sous-jacente. Tout est mis en place pour que le meurtre devienne invisible et tombe dans l’oubli. Les auteurs ne sont jamais condamnés ou sanctionnés. Dans leur milieu, ils sont considérés comme des victimes, voire des héros.
carte des violences policières recensées par les médias (2005-2015)

La famille de Hocine a eu le courage de témoigner publiquement et de se mobiliser pour que la vérité sur sa mort soit faite. Elle a toujours affirmé sa confiance en la tenue d’un procès et au-delà en la justice. Elle se montre ainsi plus digne que la justice française qui la rabroue en décrétant la culpabilité de Hocine.

En attendant, le combat judiciaire continue, la famille ayant décidé de se pourvoir en cassation. [2] Pas de justice, pas de paix ! Pour Hocine et toutes les victimes de crimes policiers !

Paul (AL Alsace)

 
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