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Le genre existe, les cathos réacs le prouvent




Depuis les manifestations contre l’ouverture du mariage aux couples d’homosexuel.les, un mouvement de fierté masculine se développe parmi les catholiques. Être réactionnaires ne leur suffit pas, il faut en plus qu’ils travaillent leur virilité.

Depuis quelques années, des mouvements destinés aux hommes à la recherche de leur masculinité de croyants et de leur place virile dans le catholicisme se sont développés à partir des rencontres faites autour de la Manif pour tous. Il s’agit de camps, de retraites, de formations entre hommes. L’idée de base est qu’« être un homme, ça s’apprend et se construit » [1]. On croirait du Beauvoir.

De plus, les différences entre garçons et filles sont construites puisque « si l’on veut démontrer que les garçons et les filles ont des différences, il faut avoir des propositions d’éducation différenciées... ». Les féministes utilisent plutôt l’idée qu’il faut une éducation égale pour ne plus avoir de différences mais la base est la même : l’éducation construit la différence. Pour être honnête, cette mouvance accorde une importance plus grande à une base prétendument naturelle de la personnalité que les féministes radicales. Elle est essentialiste.

Les bases de cette éducation différenciées sont évidemment inégalitaires : « La fille n’a pas l’acquisition du genre à faire. Alors que le garçon doit faire un travail initiatique. » Les femmes, qui portent naturellement des serre-têtes et sont tout aussi naturellement enclines à fabriquer des enfants et assurer la catéchèse, n’ont donc pas besoin de se retrouver entre femmes pour construire leur féminité. On sait ce qui peut se passer dans des groupes de paroles féminins non mixtes, les réacs ont tout intérêt à éviter qu’ils existent.

Les rencontres entre hommes ont pour objectif de « leur faire prendre conscience des désirs profonds de leur cœur d’homme, spécifiquement masculins, qui sont l’aventure à vivre, le combat à mener et la belle à conquérir ».

Pérennité des clichés les plus éculés

Il s’agit donc d’assurer la pérennité de clichés les plus éculés et de stéréotypes les plus réactionnaires : hommes et femmes sont égaux mais tout à fait différents ; les hommes ont une force et une agressivité qui les tournent vers l’extérieur et la conquête, ils doivent juste la canaliser vers la grandeur (ce qui sous-entend que les femmes sont tournées vers l’intérieur et probablement la petitesse) ; ce sont les pères qui font les filles et les garçons puisque « c’est le regard du père qui conforte la fille ou le garçon dans sa féminité ou sa masculinité ». Les initiateurs et les participants regrettent le manque de rites initiatiques dans nos sociétés.

L’Église serait devenue un peu molle et maternelle, et surtout, peut-être, « l’islam se développe sur ce manque de virilité ».

On sait que l’excitation entre supporters après les matchs a tendance à faire monter les violences conjugales. Qu’en est-il de réactionnaires qui rentrent à la maison après avoir passé quelques jours en non mixité à se booster la virilité ?

Christine (AL Orne-Sarthe)

[1Les citations sont extraites
de l’article
« Des catholiques veulent rendre
à l’Église sa virilité »
, Le Monde, 28 décembre 2016.

 
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