A Contre Courant : L’alternative




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduite l’édito de la revue alsacienne A Contre courant-> http://www.acontrecourant.org/, qui de son côté reproduit l’édito d’AL.
Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex

Mois après mois, semaine après semaine, ce qu’on appelle improprement « la crise des dettes souveraines » s’élargit et s’approfondit en Europe – pour ne pas parler des Etats-Unis. Née de décennies de cadeaux fiscaux consentis aux entreprises et aux ménages fortunés, brutalement aggravée il y a trois ans par la nationalisation des dettes privées destinée à sauver le capital financier et le capital tout court de sa déconfiture, elle ne cesse depuis lors de s’envenimer du fait… des remèdes censés y remédier et qui ont noms austérité budgétaire, pression à la baisse sur les salaires, développement de la précarité et du chômage, privatisation des services publics, synonymes de contraction de la demande, de baisse des recettes fiscales et de déficits publics accrus – le tout signifiant une régression sociale programmée.

Le dernier plan européen adopté à Bruxelles le 21 juillet dernier ne s’écarte en rien de cette orientation aussi inefficace que malfaisante. Pour éviter la reconnaissance du défaut de paiement actuel de la Grèce ainsi que les défauts de paiement potentiels du Portugal, de l’Irlande, de l’Espagne et de l’Italie (les fameux PIGS, « PORCS » en anglais, c’est dire comme ils sont considérés...), il prévoit d’allonger les délais de remboursement (jusqu’à trente ans !) et d’élargir l’espace des contribuables qui seront amenés à mettre la main à la bourse. En autorisant le Fonds européen de stabilité financière (abondé par les Etats de l’Union) à racheter des créances douteuses sur les PIGS, c’est l’« européanisation » de la dette qui a été choisie dans un touchant mouvement de solidarité… avec les banques, les compagnies d’assurance et les fonds de placement qui les détiennent et qui s’en trouveront ainsi libérés. Quant aux peuples européens, ils sont du coup conviés à être solidaires des possédants et à s’infliger austérité et régression pendant une génération !

Car, tout comme les précédents, ce « plan de sauvetage » ne fera que compromettre un peu plus encore la situation des finances publiques des Etats européens et de leurs populations. Pour sortir de cette spirale infernale, une autre politique est nécessaire et d’ailleurs possible : elle implique une récusation des dettes publiques et une modification drastique du partage de la richesse sociale en faveur du travail et au détriment du capital ; ce qui suppose tout à la fois la création massive d’emplois (socialement utiles et écologiquement soutenables), une hausse des salaires (directs et indirects) et une taxation (fiscale et sociale) des entreprises et des ménages riches à la hauteur de leur capacité contributive. Evidemment, rien de tout cela ne sera possible sans des mobilisations populaires de grande ampleur, dont le potentiel existe (les luttes en Grèce et les récents rassemblements des « indignés » en Espagne en sont autant d’indices) et dont l’européanisation des plans d’austérité peut favoriser l’extension. A nous d’y travailler !

 
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