A Contre-Courant : Une autre démocratie est possible et nécessaire !




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


Toute l’histoire du Parti socialiste est faite de belles promesses brillamment claironnées suivies de pitoyables abandons promptement camouflés. Parce qu’il faut bien être réaliste, voyez-vous... Parce qu’on ne peut pas faire autrement, n’est-ce pas ?... L’abandon peut mener très loin : beaucoup de députés socialistes en 40 n’ont pas pu faire autrement que de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Mais jeter la pierre aux seuls socialistes français serait injuste. Leurs homologues de tous les pays n’ont guère fait mieux, quand ils n’ont pas fait pire là où les luttes sociales n’ont pas eu la vigueur qu’elles ont pu parfois avoir en France.

Bref, si les élections françaises de 2007 se déroulent “ normalement ”, comme les précédentes, dans un climat de relative paix sociale, et si les socialistes reprennent le pouvoir, on aura droit ensuite, c’est évident, au classique et désolant scénario de capitulation devant les exigences du capital. Une partie de l’opinion ne veut pas le voir et continue d’accorder crédit au PS. C’est plus ambigu pour les leaders de la gauche de la gauche : tout en tenant des propos critiques, ils s’inscrivent sagement dans la logique électorale et donc la renforcent. Ils vont donc renforcer à l’insu de leur plein gré la gravité des mesures antisociales d’après élections ! Et ce n’est pas le refus de choisir le moins mauvais candidat au 2e tour qui change grand chose : quand la mécanique est lancée, elle nous conduit inéluctablement là où les forces sociales dominantes ont décidé de nous amener.

D’où vient cette perte périodique de lucidité de la gauche de la gauche qui - à l’exception d’une partie des libertaires - accepte de rejouer, encore et encore, à un jeu où les dés sont si manifestement pipés ? On a même entendu José Bové déclarer qu’il peut gagner la Présidentielle... Mais oui, José, mais oui... Et ACC pourrait bien aussi fêter son dix millionième abonné avant Noël !

À l’extrême gauche, les leaders nous expliquent que s’ils ne présentaient pas de candidats, les idées qu’ils défendent resteraient méconnues. À gauche, on nous rappelle qu’avec la droite ce serait pire. Des arguments entendus mille fois et démentis par les faits presque autant de fois. Des arguments qui sont aussi un aveu : dans l’esprit de leurs auteurs c’est l’élection qui est prioritaire ; elle occulte le reste, parfois totalement ; elle cache et fait oublier qu’on ne pourra pas faire l’économie d’un affrontement social majeur avec la bourgeoisie ; elle cache et fait oublier que les opprimés ont intérêt à engager cet affrontement en période électorale, lorsque les élites sont un peu affaiblies ; elle cache et fait oublier qu’une autre démocratie est possible - et nécessaire - si l’on veut vraiment un autre monde.

Il s’agit de cette démocratie qui s’épanouit dans les luttes pour dépasser rapidement en pertinence et en vertus émancipatrices toutes les pratiques antérieures. Elle peut même avoir, momentanément, des effets étonnants sur certains élus : sous son influence, lors des grèves de 36, ils se prononcent pour les congés payés, les quarante heures, etc. Les mêmes, “ libérés ” 4 ans plus tard de cette influence, peuvent aller jusqu’à voter Pétain...

 
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