Angers : Une déferlante de licenciements




En moins de quatre mois, plus d’un millier de travailleuses et de travailleurs angevins ont perdu leur emploi. Plusieurs secteurs sont touchés dont, entre autres, la métallurgie et la confection.

En décembre 2002, c’est l’usine TRW (fabrication de ceintures de sécurité) qui a fermé. 153 salarié(e)s ont perdu leur emploi. Le seul prétexte à cette fermeture : le manque de rentabilité du site angevin. Le groupe américain TRW s’est livré à un odieux chantage. Les travailleur(se)s devaient accepter une baisse de salaire contre le lancement d’une nouvelle production. Le pire, c’est qu’une majorité de salarié(e)s avait cédé à ce chantage et qu’ensuite le patron a estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de salarié(e)s d’accord avec cette baisse de salaire ! Ajoutons à cela, qu’il y a dix ans, TRW avait déjà licencié purement et simplement la quasi-totalité de ses 120 salarié(e)s, qui refusaient une baisse de 20 % de leur salaire, et réembauché les salariés qui viennent d’être licencié(e)s ! À quand le travail gratuit ?!
Toujours en décembre 2002, c’est la totalité des 660 salariés d’ACT Manufacturing qui ont perdu leur emploi (voir Alternative libertaire n°116).
Mais ceux-ci ne baissent pas les bras. Ils/elles tiennent régulièrement des AG, organisent manifs et actions régulièrement. Ils/elles contribuent également au regroupement des autres travailleurs(ses) licencié(e)s à travers le pays.

Dans la confection, les 107 salariées de Bleue Couture n’ont plus de travail depuis le 27 février et les 74 salariées de Thierry Mugler sont fortement menacées de perdre leur emploi.

Enfin, le laboratoire de développement photographique Kodak va probablement licencier ses 50 salarié(e)s en juin. Également, les 33 salariés du centre d’appels Dolphin Telecom risquent de perdre leur emploi. On le constate, la liste est longue et rien ne garantit qu’elle ne s’allongera pas encore !

Les réponses aux licenciements

Au niveau des pouvoirs publics, et notamment de la mairie, la seule chose proposée est de promouvoir la création de « zones franches ». Ce qui signifie exonérer d’impôts, de taxe professionnelle, etc., les patrons qui viendraient s’installer ; doubler, pour ces mêmes patrons, la prime à la création d’emplois ; faire intervenir la ville, le conseil général, la Région, pour qu’ils financent les aides aux investissements. Décidément, la politique de nos notables est au service de la politique du patronat qui consiste à empocher les primes à l’installation, profiter des exonérations et des subventions publiques tant que c’est possible. Ensuite, on délocalise et on rechigne à dédommager de manière décente les travailleur(se)s licencié(e)s.

Si l’on n’est pas vraiment surpris par ce type de réponses faites aux licenciements par les politiciens, on est en revanche plus inquiet(e)s de certaines réponses syndicales. Pour commencer par la pire, il faut signaler l’attitude de l’UD-CFDT, complètement acquise aux thèses du libéralisme et qui n’a jamais soutenu, par exemple, la lutte des salarié(e)s d’ACT. On a pu voir son secrétaire, sur une chaîne de télé locale, parler comme un véritable manager ou DRH. Pour lui, se battre contre les licenciements ne fait pas partie de ses préoccupations. Il faut avant tout s’occuper du reclassement des salarié(e)s sans même que l’effleure la nécessité d’un rapport de force préalable pour que les salarié(e)s puissent obtenir ce qu’ils revendiquent…

Drôle de syndicaliste !

En ce qui concerne l’UD-CGT, l’approche est différente. Elle est évidemment avec les travailleurs qui se battent contre les licenciements mais elle ne propose pas de perspectives immédiates permettant d’empêcher ces licenciements.

À plusieurs occasions, et ce dès novembre lors des prises de parole après les manifestations de travailleurs d’ACT et d’autres, on a entendu son secrétaire départemental évoquer la nécessité de conquérir un « nouveau statut du travail salarié ». Si l’idée en soi n’est pas mauvaise, elle ne répond pas aux problèmes immédiats des travailleuses et des travailleurs licenciés qui auront largement le temps de se retrouver dans la misère avant la conquête de ces nouveaux droits (pour une analyse des nouvelles orientations de la CGT, voir Alternative libertaire n°116).

Les meilleures réponses face à ces vagues de licenciements sont celles des structures syndicales de base qui essaient de rassembler tou(te)s les travailleur(se)s licencié(e)s, ou menacé(e)s de l’être, du pays. À l’image des travailleurs(ses) d’ACT Manufacturing toujours déterminés et nombreux aux AG, deux mois après la liquidation judiciaire.

Des travailleur(se)s d’ACT Manufacturing qui viennent de rejoindre le collectif national contre les licenciements lancé par les Lu Danone de Ris Orangis et qui regroupe également les travailleuses et travailleurs de Daewoo, Metaleurop...

Ils et elles sont convaincus que l’on n’obtient rien sans se battre, qu’il faut maintenir la pression et créer un mouvement d’ampleur national contre les licenciements.

Bruno (AL Angers), le 10 mars 2003

 
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