13e congrès (Nantes, 3-5 juin 2017)

Bilan d’Alternative libertaire 2015-2017




Les deux années écoulées ont été principalement marquées par le mouvement social contre la loi Travail, au printemps 2016, et par le refus du durcissement sécuritaire sous couvert d’antiterrorisme.

La fédération AL, de plus en plus décentralisée, a fait des progrès dans sa capacité à aider les collectifs AL (CAL) à organiser l’action. En plus d’un placement accru du mensuel Alternative libertaire, elle a pu être assez réactive pour distribuer du matériel d’intervention dont les CAL avaient un besoin immédiat (autocollants, tracts, affiches), et animer des campagnes en s’appuyant sur les réseaux sociaux.

Il est impossible d’énumérer toutes les actions et toutes les manifestations auxquelles AL a participé, de Bruxelles à Toulouse, de Rennes à Marseille, durant ces deux années. On s’en tiendra ici aux tendances générales qui caractérisent cette activité.

Entreprises et mouvement social

Sur le front de la résistance au capitalisme, AL a activement participé à la préparation de la journée de grève interprofessionnelle du 9 avril 2015, avec une campagne virale, l’édition d’un autocollant et la production d’un contenu critique sur la façon de mobiliser. Rebelote avec le soutien aux syndicalistes d’Air France traînés en justice pour l’affaire de la « chemise arrachée », et avec ceux de Goodyear, lors des rassemblements de Paris et d’Amiens.

Mais c’est bien sûr la lutte contre la loi El Khomri qui a le plus mobilisé, de février à septembre 2016. L’organisation s’est, à cette occasion, efforcée de « marcher sur ses deux jambes », avec à la fois une capacité d’intervention politique en propre (affiches, autocollants, tracts, communiqués, etc.), et des militant.es moteurs dans les mouvements sociaux et syndicaux. Sur le front syndical, plusieurs militant.es d’AL ont d’ailleurs joué un rôle dans l’impulsion de l’appel « On bloque tout » dessinant les contours d’un réseau syndical de lutte. L’expérience collective des événements a principalement été synthétisée dans le dossier d’été 2016 du mensuel AL.

Contre le durcissement sécuritaire

Après l’attentat contre Charlie hebdo, en janvier 2015, AL avait refusé de se prêter au jeu de l’éphémère « union nationale » derrière le gouvernement français.

Après les attentats de Paris en novembre 2015, de Bruxelles en mars 2016 et de Nice en juillet 2016, AL a maintenu cette ligne, en réaffirmant que l’escalade militariste et impérialiste ne permettrait nullement de sortir de l’engrenage djihadiste, au contraire. Seules des réponses sociales en Europe et l’aide aux forces progressistes au Moyen-Orient peuvent désamorcer la menace djihadiste ici, et la désagréger là-bas.

A partir de novembre 2015, AL a participé aux différentes manifestations interdites, bravant l’état d’urgence, et a notamment contribué à l’animation du cadre unitaire « Stop l’état d’urgence » qui a organisé les manifestations du 30 janvier et du 12 mars 2016.

Solidarité internationale

La guerre en Syrie, les ravages du djihadisme, la crise des réfugiés, la lutte de la gauche kurde et la fascisation de la Turquie ont marqué l’activité internationale d’AL ces deux dernières années.

AL a défendu l’accueil des réfugié.es sur le sol européen d’une part en argumentant en faveur de la liberté de circulation et d’installation, démontrant que « l’invasion » était un mythe, d’autre part en participant aux manifestations publiques de soutien aux réfugié.es.

Localement, des actions d’entraide concrète ont également été impulsées, notamment à Douai et à Paris, où les locaux fédéraux d’AL ont aidé à la logistique d’un campement sauvage rue d’Aubervilliers. AL a également diffusé le matériel (autocollants, affiches) produits sur la question par la Campagne libertaire antifasciste (Claf).

L’organisation a également accru son soutien à l’expérience révolutionnaire du Rojava et sa coopération avec la gauche kurde. Nombreux articles d’étude dans le mensuel, réunions publiques, soutien au projet de reconstruction féministe de Kobanê, édition d’un tee-shirt de soutien, participation aux manifestation de solidarité en France… Sans toutefois se départir d’une nécessaire réserve critique généralement bien acceptée par nos camarades kurdes.

En Turquie même, l’Action révolutionnaire anarchiste (DAF), solidaire de la gauche kurde et en lutte contre la fascisation du pays, a pu bénéficier d’un soutien financier (14.000 euros) collecté par le mouvement libertaire francophone.

Pour ce qui est de la Grèce, Alternative libertaire a relayé l’action des anarcho-syndicalistes de Rocinante, en lutte contre le paiement de la dette qui emprisonne le pays, et contre la trahison du gouvernement Syriza.

Enfin, AL a relayé la campagne pour la libération d’Alexandre Koltchenko, anarchiste ukrainien kidnappé et emprisonné par les services russes, en organisant plusieurs rassemblements de protestation devant des représentations diplomatiques russes en France.

Le bulletin de la commission internationale et les articles du mensuel Alternative libertaire montrent que notre activité internationale s’étend bien au-delà des exemples cités. Celle-ci gagnerait encore en efficacité en faisant de la commission l’outil commun à toutes nos initiatives internationales et par la désignation d’au moins une ou un correspondant de la commission dans chaque CAL.

Par ailleurs, au cours de ce mandat, AL prendra les moyens d’une réflexion et de décisions concernant la structuration et le développement de notre courant au plan international ; ce qui passe notamment par un bilan de notre investissement dans le réseau Anarkismo, des perspectives partagées quant à son avenir, des moyens de mettre en œuvre l’internationalisme dont nous nous réclamons.

Contre le racisme

Ces deux dernières années ont été marquées par une aggravation et une désinhibition du racisme, principalement dirigée contre la minorité Rroms et la minorité musulmane ou supposée telle.

Dans ce contexte, et en particulier lors du déchaînement anti-burkini d’août 2016, AL a constamment plaidé pour le respect de la liberté de conscience et dénoncé la violation, par les pouvoirs publics, de la liberté de culte garantie par la loi de 1905 sur la laïcité.

Dans la lutte contre l’état d’urgence, puis contre la loi Travail, enfin, l’organisation a systématiquement dénoncé de concert la répression contre le mouvement social et l’impunité des crimes racistes commis par la police dans les quartiers populaires – les affaires Adama Traoré et Théo Luhaka ayant été, en 2016-2017, les plus médiatisées.

Pour ce qui est du soutien à l’action des associations de racisé.es, AL a salué le succès de la Marche pour la dignité du 31 octobre 2015, qui a confirmé le rôle désormais prééminent de ces associations dans les mobilisations antiracistes. L’organisation a appuyé la commémoration par le groupe Juives et Juifs révolutionnaires des 10 ans de l’assassinat d’Ilan Halimi. AL n’a en revanche pas été en mesure de nouer de relations avec des associations asiatiques après le meurtre de Chaolin Zhang à Aubervilliers, en août 2016.

Sur le plan du travail unitaire, AL s’est associée à l’Appel contre les politiques de racialisation et au Manifeste pour un antiracisme politique, dans le cadre des forums Reprenons l’initiative tenus en mai 2015 et en octobre 2016 avec entre autres l’ATMF, le FUIQP, l’UJFP, la Fasti, la CRI, le Gisti, le Cran…

Sur le front écologiste

Ces deux dernières années ont été principalement marquées par la lutte contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (44), par l’opposition au projet d’enfouissement nucléaire à Bure (55) et par la mobilisation pour dénoncer la mascarade de la Cop21.

En Loire-Atlantique, AL a été de toutes les manifestations contre le projet ubuesque de Notre-Dame-des-Landes, avec parfois un renfort régional, voire national. La fédération AL a édité une affiche, qui a été abondamment collée au moment du référendum de juin 2016.

L’organisation avait décidé de faire du Sommet sur le climat, à Paris, en décembre 2015, un temps fort de mobilisation politique, pour souligner la responsabilité fondamentale du capitalisme dans le réchauffement climatique. Beaucoup de matériel avait été produit (articles dans le mensuel, quatre-pages argumentaire, tracts, affiche, autocollants) et une montée nationale était prévue pour la manifestation du 29 novembre. Les attentats du 13 novembre et l’état d’urgence ont changé la donne. AL a pu s’exprimer lors du « sommet alternatif » des 5-6 décembre à Montreuil, mais l’action de blocage prévue a dû être annulée en raison des mesures de sécurité. En revanche, l’organisation a bravé l’interdiction de manifester le 29 novembre, au prix de quelques dizaines de garde à vue.

Sur le front féministe

Hormis la participation habituelle aux journées du 8 mars, l’activité féministe d’AL ces deux dernières années a été principalement marquée par le lancement de la campagne contre les violences faites aux femmes, à l’automne 2016.

Comme pour la Cop21, un pack de matériel complet (dossier spécial dans le mensuel, affiche, autocollants, tracts, vidéo) a été produit par la fédération. Les CAL ont fait du 25 novembre un temps fort, et ont organisé des réunions publiques pour politiser cette question des violences faites aux femmes.

Sur le front culturel

L’organisation avait décidé, début 2016, d’une petite campagne autour des 80 ans de la Révolution espagnole, en s’appuyant sur l’exposition itinérante réalisée par la CGT-E. Une affiche et un dossier spécial dans Alternative libertaire de juillet-août 2016 étaient également prévus, mais la mobilisation contre la loi El Khomri a entravé ces projets. Néanmoins, un certain nombre de CAL ont organisé des événements autour des 80 ans de Juillet 36, mais sans matériel fédéral à leur disposition.

Hors cadre AL ont eu lieu, en 2015-2016, plusieurs tournées de présentation du livre Trop jeunes pour mourir, qui a contribué à faire redécouvrir le syndicalisme révolutionnaire. Chaque fois qu’ils l’ont souhaité, les CAL ont pu organiser ou être associés à ces tournées.

 
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