Chronique du travail élièné : Solange*, hôtesse d’accueil à Pôle emploi




La chronique mensuelle de Marie-Louise Michel (psychologue du travail).


<titre|titre="Quand je reste à la maison, c'est un emprisonnement">

Au début ce n’était pas facile, toute seule à l’accueil du Pôle emploi. Avant, elles étaient deux. Il y en a deux autres derrière qui peuvent recevoir mais une seule personne à la fois.
Au début je ne comprenais même pas les questions qu’on me posait, je me disais : « Tu ne vas jamais y arriver. » Mais je me suis adaptée, il y a une bonne ambiance. Je ne suis qu’à mi-temps mais très contente de travailler.

C’est sûr, il y a des « pas gentils »… Il ne faut pas être trop souriante avec les gens parce qu’après il n’y a plus de limite, hein… Il faut attendre que ça passe, des fois, parce qu’il y en a qui arrivent et qui veulent tout casser… Il y a tous les cas.
Au fond, ils cherchent du boulot, oui, mais ils ont la liberté. Et puis, la plupart, vous savez, c’est pour les indemnités, ce n’est pas pour trouver du travail. C’est pour leur dossier. J’ai seulement un contrat de six mois mais je ne veux pas trop penser à la suite. Mon mari est fier, il dit « Ma femme travaille ! » Il essaie d’en faire un peu à la maison, c’est nouveau.

Mais c’est bien, c’est un métier de contact, on n’est pas enfermée dans un bureau, il faut s’habiller, se faire belle le matin.
Je me dis, « tu vas toucher un salaire ! » C’est important. Quand je reste à la maison, c’est un emprisonnement, ça change tout de travailler.

Ma mère, quand je suis née, elle s’est arrêtée de travailler. Tout le monde lui disait : « Tu devrais être contente ! » et elle, elle a fait une dépression. Avant, elle était indépendante, pas soumise au salaire de son mari. Ça l’a enfermée, elle ne sortait plus. Juste faire les courses et revenir. En plus, elle avait pris sa retraite de fonctionnaire, elle n’a jamais pu reprendre. C’était dur pour elle.

* Seul le prénom est modifié, le reste est authentique.

 
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