Collectifs antifascistes locaux : Boîte à outils




De nombreux collectifs antifascistes locaux sont nés ou se sont réactivés après la mort de Clément Méric. Comment y mener un travail unitaire entre des militants aux sensibilités et expériences différentes ? Quelles activités entreprendre, devant l’ampleur de la menace ? Petit mode d’emploi à l’usage des collectifs locaux.

Sous le choc du meurtre de Clément Méric, de nombreux collectifs antifascistes se sont réactivés ou créés. Le contexte a changé depuis l’orée des années 1990, qui a vu la naissance presque simultanée des réseaux No pasaran et Ras l’front  [1].Mais il importe de ne pas reproduire les erreurs passées, comme le feu de paille sans lendemain du 1er mai 2002 où la rue avait protesté contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Il s’agit aussi de s’inspirer des méthodes qui ont permis de structurer un mouvement antifasciste de masse, qui a culminé avec la manifestation de mars 1997 à Strasbourg réunissant plus de 60 000 personnes contre le congrès du FN.

Unité et diversité des tactiques

L’idée est de se baser sur les réalités militantes locales basées sur des luttes concrètes transversales : soutien aux sans-papiers, aux Rroms, mobilisations contre les agressions racistes et homophobes... Il s’agit aussi de réussir à structurer une dynamique unitaire relativement large réunissant associations, organisations syndicales et politiques et individus motivé-e-s.
Le double écueil serait de se cantonner uniquement à une dénonciation moralisante de l’extrême droite, sans remise en cause des politiques gouvernementales (de droite comme de gauche) qui accentuent la logique du bouc-émissaire (dérives sécuritaires, expulsions de sans-papiers, islamophobie, stigmatisation décomplexée des Roms...). Ou bien, de se replier sur la confrontation de rue, limitée par la répression policière. Il importe tout autant de faire un travail d’information approfondi que de rependre les murs (affiches et autocollants), l’espace public (tenter d’empêcher l’apparition de l’extrême droite), Internet (où l’extrême droite est très active sur ses propres sites et en embuscade, dans les commentaires des sites d’information par exemple). Promouvoir la diversité des tactiques, y compris au sein d’un même collectif, permet de réussir des mobilisations importantes.

Maillage antifasciste

La dynamique actuelle permet de créer un maillage de collectifs antifascistes locaux aux réalités diverses, dans les villes, mais aussi dans les zones rurales et périurbaines où l’extrême droite est parfois seule à apparaître. Ces implantations, à l’approche des élections municipales et européennes de 2014 où le FN sera hyper-actif, permettent d’élaborer une réflexion antifasciste et de structurer des ripostes. La Conex (Coordination nationale contre l’extrême droite) rassemble des collectifs locaux et des associations, doit permettre de donner un impact national à ces initiatives, et peut fournir du matériel aux collectifs qui n’ont pas les forces de tout élaborer eux-mêmes [2].

D’autres outils existent, comme Visa (Vigilance et Initiatives syndicales antifascistes), qui enchaîne depuis la rentrée des formations dans toute la France  [3]. Plusieurs sites, tels que celui de Visa, de La Horde ou des Debunkers, proposent des analyses et informations utiles, tout comme la lettre d’information sur l’extrême droite « Le fascisme tue. Ensemble combattons-le », échangée toutes les deux ou trois semaines entre les organisations qui avaient signé l’appel aux manifestations des 23 et 24 juin, suite à la mort de Clément Méric.

Gabriel L. (AL Paris Nord-Est)

[3Voir « Passeport pour le réseau Visa », AL n° 231, septembre 2013.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut