Edito : Arafat, un assassinat programmé




Le monde entier a été informé par les médias de la décision du gouvernement Sharon d’en finir avec Arafat.

Comme l’écrit si bien le pacifiste israélien Uri Avneri, cette décision criminelle une fois exécutée mettra le monde arabe et même la planète à feu et à sang et, selon le vœu de Sharon, renforcera les intégrismes de tout bord.

L’an dernier à peu près à la même époque, ce même gouvernement ultracolonialiste criait haut et fort qu’il voulait terminer 1948. En clair terminer l’épuration ethnique de la Palestine par le « transfert du peuple palestinien » en Jordanie. Nous étions alors nombreux(ses) à penser que la guerre en Irak promise par Bush servirait de point d’appui pour la réalisation de ce projet.

Nous pouvons aujourd’hui dire que ce projet n’a pas vu le jour du fait d’une mobilisation antiguerre préventive de masse sans précédent.

Pendant la guerre en Irak, une campagne médiatique savamment orchestrée par certains médias mettait en cause le lien entre la question de l’Irak et la Palestine au motif que la défense des droits des Palestinien(ne)s pouvait conduire à l’antisémitisme. L’antisémitisme est un poison que les organisateurs(trices) des manifs antiguerre et Palestine ont régulièrement condamné. Rien, absolument rien ne peut le justifier, pas même la politique criminelle de Sharon.

Pour autant, heureusement que le lien a été fait entre la guerre sans limites de Bush et l’écrasement du peuple palestinien par le gouvernement israélien et qu’il continue à l’être car, passée aux oubliettes, la Palestine aurait peut-être connu le sort funeste qui lui est promis par les dirigeants du bloc nationaliste et religieux au pouvoir en Israël.

Heureusement que dans plusieurs pays des Juif(ve)s et des Arabes ont mêlé leurs voix ensemble à celles des autres antiguerre, parce qu’ils/elles croient à une solution politique entre Palestinien(ne)s et Israélien(ne)s qui passe par l’arrêt de la colonisation, le retrait immédiat de l’armée israélienne et le droit des Palestinien(ne)s à disposer d’une terre et à s’autogouverner.

Oui, tous ces gestes ont donc compté et ont empêché l’irréparable !

Arafat incarne à la fois les tares d’une bureaucratie, mais aussi le courage et la détermination d’un peuple.

Côté ombre, la corruption et le caractère antidémocratique de la défunte Autorité palestinienne, mais aussi une résistance légitime quand elle prend les armes contre les forces d’occupation israéliennes, condamnable lorsqu’elle tue aveuglément ou délibérément des civils sans défense.

Côté lumière, un peuple qui s’accroche à sa terre, à ses villes, au rêve de vivre dans une Palestine décolonisée et n’a pas d’autre choix que prendre les armes contre un État et une des armées les plus puissantes de la planète qui l’humilient et l’oppriment quotidiennement.

Sachant qu’Arafat, avec tout ce que cela signifie, peut être expulsé ou pire éliminé d’un moment à l’autre, nous devons être en état d’alerte maximale et plus mobilisé(e)s que jamais aux côtés du peuple palestinien.

Alternative libertaire, le 18 septembre 2003

 
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