Edito : Ils n’ont décidément rien compris




Il y a tout juste un an, deux jeunes de Clichy-sous-Bois mouraient électrocutés sur un terrain d’EDF où ils croyaient avoir trouvé un refuge pour échapper à une interpellation de la police : ils s’appelaient Ziyed et Bouna.

Leur mort a provoqué l’embrasement des banlieues. Une “ révolte en toute logique ” dans laquelle des jeunes exigeaient par dizaines de milliers la démission d’un ministre qui les avaient insultés et criaient leur rage contre les discriminations à la française.

Quelques mois après éclatait la révolte étudiante contre le contrat première embauche mettant des millions de jeunes dans la rue avec le soutien d’une partie des salarié-e-s.
Ces révoltes ont constitué un désaveu cinglant de la politique de la bourgeoisie.

Malgré cela, celle-ci jamais à cours de revanche, reprend l’offensive avec le projet de loi sur la prévention de la délinquance qui prévoit un renforcement drastique du contrôle social des classes dangereuses au point d’apparenter la république française à un régime totalitaire. Portée par le credo réactionnaire qui compare volontiers les élèves issus des milieux populaires à des crétins, elle essaye de mettre plus ou moins distinctement en place la sélection à l’entrée de l’université.

Si les dominants peuvent se permettre ces provocations, c’est bien parce qu’ils tiennent les révoltes de novembre 2005 et de mars-avril 2006 pour des poussées de fièvre sans lendemain et sans perspectives, mais qu’ils estiment être les seuls à avoir raison et à avoir le droit de décider de nos vies.

Les émeutes de novembre 2005 ont souffert de leur isolement, et notamment de l’indifférence que la plupart des syndicats et courants politiques ont alors observés à son égard.

Les limites du mouvement antiCPE résident sans doute dans l’incapacité à exploiter une victoire et à faire concrètement le lien avec une précarité qui fait système.
L’éparpillement, la fragmentation caractérisent tout spécialement les mobilisations de novembre-décembre 2006 : défense du service public ferroviaire le 8 novembre, journée nationale de mobilisation contre le projet de loi sur la prévention de la délinquance le 18 novembre, manifestations contre les violences faites aux femmes le 25 novembre, journée de mobilisation contre la précarité le 2 décembre... C’est également au cours de cette quinzaine que se développeront des mobilisations pour la régularisation de tou-te-s les sans-papiers.

Dans ces conditions, œuvrer pour la convergence des luttes, ce n’est pas faire de l’idéologie, mais répondre à une nécessité impérieuse.

Alors que la bourgeoisie unit ses forces pour attaquer la semaine de 35 heures, les services publics, l’éducation nationale, la jeunesse, et nos libertés, il serait temps de se rassembler à la fois pour repousser ces nouvelles attaques mais aussi et surtout faire des mobilisations à venir des leviers pour un combat revendicatif offensif de même que pour la transformation sociale.

Dans cette période préélectorale, dans laquelle le pouvoir va se retrouver fragilisé, il faut plus que jamais repousser les prétentions politiciennes et mettre les luttes au centre de l’activité politique et sociale. Alors qu’une démocratie de moins en moins représentative et de plus en plus autoritaire s’efforce de battre l’estrade, il est temps de tirer le rideau et de construire dans la rue, les quartiers, les entreprises, les facs et les lycées une démocratie authenthique directe, autogestionnaire et antipatriarcale.

Alternative libertaire, le 25 octobre 2006

 
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