Edito : Transformer la guerre impérialiste en offensive anticapitaliste




Nous n’avons donc pas réussi à empêcher cette guerre en Irak.

Malgré les plus de 10 millions de manifestantes et manifestants du 15 février.

Malgré le fait que dans pratiquement tous les pays de la planète la majorité de la population soit opposée à la guerre.

Si Saddam Hussein est un dictateur d’abord nuisible pour les peuples d’Irak qu’il a asservis pendant trente ans, c’est bien Bush qui apparaît aujourd’hui comme la principale menace pour les droits des peuples et la paix dans le monde, avec son projet de « guerre sans limite ».

Pétrole, militarisme, domination planétaire... pendant tout ce que l’on a appelé la « crise irakienne », les objectifs du camp belliciste sont devenus très rapidement transparents.
On aurait pourtant tort de se focaliser sur le seul militarisme étatsunien. Certes ce sont les militaires qui font cette guerre.

Mais ce sont d’abord les idéologues de la droite ultraconservatrice qui voient leur heure de « gloire » sonner car ce sont eux qui ont inspiré et voulu cette guerre.

Avant d’être celle des armes, cette guerre a été celle des mots : « croisade », « guerre de civilisation », « axe du mal », « guerre sans limite ». Quelle que soit son issue, elle consacre l’ascendant pris par une droite américaine totalement décomplexée qui ne connaît non seulement aucune retenue et aucune limite, mais incarne un véritable projet de société et de domination planétaire.

Cette victoire n’est pas celle d’un projet de société contre un autre. Elle s’explique en grande partie du fait du désarmement idéologique de celles et ceux pourtant bien plus nombreux(ses) qui se sont opposé(e)s depuis plusieurs mois au camp de la guerre.

Oui il faut se mobiliser encore plus fortement pour arrêter cette guerre !

Oui il faut exiger le retrait immédiat des troupes d’occupation en Irak.

Oui encore il faut être solidaires des peuples d’Irak pour leur droit à l’autodétermination contre la dictature, le colonialisme et donc pour la levée immédiate de l’embargo.

Mais ce n’est malheureusement pas suffisant de s’élever moralement contre la guerre.

Cette guerre ne vise pas que les peuples d’Irak mais l’humanité tout entière. Elle a pris un nouveau visage en devenant « préventive » et « sans limite », mais a commencé bien avant celles d’Afghanistan et d’Irak.

Elle est d’abord la guerre du capital, un système pour lequel la valeur marchande transcende tout autre type de valeur, à commencer par les valeurs humaines.

Avant d’être la guerre, le capitalisme est la négation de la démocratie, du droit de décider pour les travailleur(se)s, c’est la négation de l’égalité, de la réciprocité, de l’échange égal et c’est l’appropriation privée de tout ce qui fonde le lien social (service public, protection sociale, vie associative, éducation , culture...).

C’est le triomphe d’un contrat aux termes inégaux sur des droits collectifs qui s’appliquent de la même façon pour tout le monde.
C’est la dictature d’une minorité contre l’auto-organisation, la démocratie directe et l’autogestion du plus grand nombre.

La guerre en Irak a déjà donné lieu à de multiples arrêts de travail et actes de désobéissance civile dans plusieurs pays.

Pour que les peuples et eux seuls décident, il est plus que temps de transformer cette guerre impérialiste en offensive générale anticapitaliste.

Alternative libertaire, le 20 mars 2003

 
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