Ensemble ! : Le retour du PSU  ?




L’assemblée générale constitutive d’Ensemble ! a officialisé la constitution du troisième pied du Front de gauche en actant la fusion de ses composantes. Quel avenir pour ce regroupement autogestionnaire et anticapitaliste dans une coalition au bord de l’explosion  ?

Les 31 janvier et 1er février, l’assemblée générale (en fait les délégué-e-s des AG départementales) d’Ensemble ! s’est tenue à la bourse du travail de Bobigny. Enjeu principal  ? Acter la fusion de ses composantes  : les Communistes unitaires, la Fase, les Alternatifs, la Gauche anticapitaliste et divers militants issus de la LCR (Gauche unitaire, Convergences & Alternative).

Deux jours sans vote, un fonctionnement au consensus, des débats apaisés, l’adoption d’un programme politique, la nomination d’une direction nationale, le report des points qui fâchent puisque le processus ne saurait s’arrêter (!)  : laïcité, cotisations, fonctionnement et renouvellement de la direction, rapports aux élus, mutualisation des coffres-forts de chaque groupe...

Le recensement officiel indique 1.960 adhérents (pour 800 cotisants) avec 105 collectifs présents dans 63 départements ; 63% des adhérents ont plus de 50 ans ; 17% sont profs de lycée ou de faculté et parmi les 29% de retraités, la majorité est issue du même milieu. Un certain nombre de fondateurs et fondatrices de Solidaires affichaient une présence discrète mais vigilante.

Fin des espoirs électoraux

On retrouve les rescapés de toutes les tentatives, depuis la mort du PSU, de construire une force arrimée électoralement à la gauche réformiste mais déployant des recherches intellectuelles parfois pertinentes pour « faire de la politique autrement ». C’est d’ailleurs Louis Aminot, ancien cadre du PCF brestois (vétéran du mouvement des rénovateurs communistes) et l’un des rares ouvriers présent dans la salle qui devait, seul, poser la bonne question  : « Nous nous réjouissons tous de faire un pas en avant aujourd’hui mais n’aurait-il pas fallu d’abord faire le bilan de nos échecs passés ? »

Pas d’assise populaire

De manière assez parlante c’est Pierre Zarka, ancien directeur de L’Humanité qui, au nom des Communistes unitaires, devait doubler tout le monde sur la gauche en regrettant les aspects trop institutionnels du Front de gauche et redoutant, à l’exemple allemand, qu’Ensemble  ! ne disparaisse dans le Front de gauche comme la Wasp fut digérée par Die Linke.

Autre surprise  : le rapport général introductif, le rapport sur les « Chantiers d’espoir », le rapport financier et la présentation de la nouvelle direction furent présentés par des dirigeants de la Gauche anticapitaliste. Réseau militant sans doute le plus jeune et le mieux structuré, son hégémonie est néanmoins frappante.

Plusieurs intervenants exprimaient leur désarroi devant l’effondrement des espoirs électoraux autour d’un Front de gauche qui n’est qu’une étiquette sur un bocal vide. Pour autant aucune intervention pour faire le point sur les luttes sociales. Les « Chantiers de l’espoir » sont officiellement repoussés pour cause d’élections départementales où les Verts et le Front de gauche partent dans toutes les configurations, y compris les plus surprenantes. Des chantiers censés donner l’espoir aux militants et un débouché électoral aux luttes sociales. Un débouché devant permettre, dès les régionales de l’automne prochain, l’union du Front de gauche et des Verts, avec un parfum de Syriza à la française…

Fin de l’AG. Un nouveau PSU est né mais sans l’assise populaire ni le souffle politique de l’ancien. Pas d’Internationale vibrante et une immense sensation de gâchis des forces militantes ici fusionnées.

Jean-Yves (AL Seine-Saint-Denis)

 
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