Espagne : La CGT contre la Constitution européenne




L’Espagne sera le premier pays à ouvrir le cycle de consultations référendaires sur la constitution européenne. Le référendum espagnol se tiendra le 20 février 2005. Ainsi en a décidé le premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero. Ce dernier ainsi que son organisation, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) appelle à voter oui pour la ratification de la constitution européenne, et à l’invitation de Chirac, devrait avoir une expression commune avec le pouvoir de droite français dans ce sens. Une initiative qui met dans l’embarras la direction du Parti socialiste de François Hollande. Ce dernier devra jouer les équilibristes pour mener une campagne distincte de celle de la droite après avoir triomphé à l’issue du référendum interne du PS.

En Espagne, outre le PSOE, le Parti populaire d’Aznar et la plupart des partis nationalistes bourgeois basques, catalans et canariens feront campagne pour le oui. Même donne dans les syndicats, puisque les deux organisations majoritaires et proches du PSOE, l’Union générale du travail et les Commissions ouvrières, toutes deux adhérentes à la Confédération européenne des syndicats, s’inscrivent également dans ce consensus.

Sur le papier, le oui devrait l’emporter largement, et ce d’autant que le premier ministre jouit d’une image populaire et de gauche en dépit de la poursuite d’une politique libérale, qui se traduit notamment par la poursuite des privatisations (celle du rail est prévue pour le 1er janvier 2005). Zapatero peut en effet mettre à son crédit l’abrogation de la loi votée sous Aznar instaurant l’instruction religieuse catholique obligatoire dans le secteur public d’éducation, le retrait des troupes espagnoles d’Irak, le projet de loi autorisant le mariage gay, la législation la plus avancée du monde contre les violences faites aux femmes et le projet de régularisation de plusieurs centaines de milliers de sans-papiers.

Ce consensus n’est toutefois pas parfait et des forces non négligeables se sont engagées à faire campagne en faveur du non. C’est le cas de la coalition de gauche Izquierda unida dominé par le Parti communiste, le la Esquerra republicana catalana (ERC, Gauche républicaine catalane) qui dirige avec le PSOE la communauté régionale de Catalogne, mais aussi de la CGT (anarcho-syndicaliste).

Lors d’une assemblée pleinière confédérale qui s’est tenue à Saragosse (Aragon) le 18 novembre dernier, elle a décidé d’appeler à voter non contre la constitution européenne, un non anticapitaliste, internationaliste et autogestionnaire qui fait et fera l’objet de nombreuses réunions publiques et assemblées générales dans les quartiers et les entreprises. Cette décision a été prise suite à un débat dans les syndicats. Les adhérentes et adhérents ont pu également donner leur avis sur Internet. Cette prise de position est très importante. Elle va non seulement dynamiser et renforcer les partisan(e)s d’un non clairement anticapitaliste en Espagne, mais elle doit également permettre une expression publique libertaire à l’échelle européenne.

 
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