Etudiant-e-s, jeunes travailleur-se-s
On n’est pas de la chair à patron




L’actuelle contre-réforme des universités a été initiée par Jack Lang en 1998. Quoiqu’en dise le gouvernement, les étudiant(e)s ont bien compris que cette contre-réforme ne va pas leur donner plus de libertés, mais au contraire réduire leurs droits.

La situation sociale des étudiant(e)s n’a cessé de se dégrader ces dernières années. 48% des étudiants travaillent pour financer leurs études, souvent dans des situations précaires, il est de plus en plus dur pour les filles et fils d’ouvrier(e)s de poursuivre des études longues. La suppression de 5600 postes de surveillant(e)s et la disparition programmé du statut de pion, seule activité permettant de concilier correctement études et travail, montrait que le gouvernement n’avait aucune intention de réduire le poids des inégalités. Bien au contraire, la réforme Licence-Master-Doctorat (LMD) continue dans ce sens.

Les études seront plus longues donc moins accessibles aux plus défavorisés. Les ECTS donnent un nouveau statut juridique aux stages et transforment les étudiants en « chair à patron » exploitables dans le cadre de leurs études. L’annexe LMD est tout aussi dangereuse puisqu’elle prévoit en plus des diplômes une évaluation par le de biais d’appréciation de l’ensemble du cursus universitaire par l’université. Cette disposition permet de remettre en cause le caractère national des diplômes et de renforcer la sélection et le contrôle social sur les étudiant(e)s.

C’est pourquoi il faut se battre pour l’abrogation des ECTS, de la LMD et de son annexe. La contre-réforme sur l’autonomie des universités autorise la création de diplômes locaux reconnus uniquement par les entreprises locales, qui auraient ainsi une influence décisive sur le contenu pédagogique. Sur le marché du travail, il est crucial d’être armé de diplômes correspondant à des enseignements ou à des formations larges, pas de diplômes ultra segmentés sur des compétences trop spécialisées, qui ne servent qu’à créer un salariat « captif », vulnérable face aux exigences patronales.

La contre-réforme conduira par ailleurs à la création d’universités d’élite et la concurrence entre les facs, donc à l’augmentation des frais d’inscription.

Il est nécessaire de rendre plus accessible l’Université, mais Ferry ne tient aucun compte des propositions avancées par les syndicats depuis des années (augmentation des bourses, création d’un salaire étudiant), qui réduiraient vraiment la sélection sociale.

Unis contre la casse du service public

Cette contre-réforme s’inscrit en fait dans le projet de société libérale défendue par le gouvernement français, inféodé au Medef, mais aussi par les gouvernements en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne et maintenant au Liban, où des mouvements similaires se déroulent en ce moment.

En France, d’autres secteurs sont en lutte contre le gouvernement : les intermittents, les chômeurs, les salariés de certaines boîtes privées qui licencient.. ...Ainsi, à Rennes, les étudiants manifestent avec les salariés de Thomson et ST Microelectronics qui subissent un plan de licenciement. Les grèves de mai-juin ont montré que c’est tous ensemble, et non l’un après l’autre, qu’il faut lutter. Le gouvernement essaie de nous diviser en s’attaquant à nos droits méthodiquement, ne nous laissons pas faire !

Pour une rupture avec le capitalisme

Le projet de société du Medef n’est profitable à personne sauf aux patrons eux-mêmes. Le gouvernement actuel n’a qu’un seul but : nous mettre à genoux. C’est pourquoi au-delà de la lutte actuelle, nous voulons en finir avec le capitalisme. Libéralisme et capitalisme ont tous les deux pour objectif de laisser le marché diriger la société, pour enrichir une minorité privilégiée.

Nous voulons une école émancipée des intérêts patronaux et de l’ordre moral, une société égalitaire et anti-autoritaire. Nous ne pensons pas qu’il suffit d’attendre un « grand soir » hypothétique : pour nous, l’émancipation des travailleur(se)s sera le fruit de leurs luttes. Pour rendre coups pour coups au capitalisme et développer les luttes, construisons des contre-pouvoirs dans les entreprises, sur les campus, dans les quartiers.

Libertaire, égalitaire, une révolution reste à faire.

 
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