Exclusions de l’Unef : quel bilan pour la stratégie de l’opposition ?




Le 2 septembre 2006, le collectif national de l’Unef a décidé d’exclure 38 de ses militant-e-s, tous membres de la TTE (Tendance Tous Ensemble). Cette tendance d’opposition est animée par les militant-e-s JCR et LCR de l’Unef. Elle totalisait 10 % des mandats au dernier congrès de l’Unef. Les exclusions ont plusieurs motifs, en particulier la participation à la manif du 1er mai à Paris dans le cortège étudiant unitaire, qui s’est affronté avec l’Unef pour interdire à celle-ci la tête de la manifestation.

Mais derrière des motifs divers, un point commun apparaît : les exclu-e-s sont presque tou-te-s membres des JCR. Le but de la manœuvre est évident : intimider la TTE. Celle-ci a immédiatement réagi en montant des “ collectifs pour une Unef unie et démocratique ”, relayant une pétition et une motion pour la réintégration des exclu-e-s.
On ne peut évidemment que s’indigner devant de telles pratiques... mais celles-ci n’ont rien d’étonnant de la part de l’Unef. Cette dernière n’est pas, contrairement à ce que s’imaginent ces militant-e-s d’opposition, l’équivalent étudiant de la CGT. C’est un syndicat de cogestion, clairement affilié au PS, dont l’essentiel de l’activité est orientée vers la représentation dans les conseils. C’est un syndicat d’adhérent-e-s - vérouillé par une bureaucratie - et non de militant-e-s, ce qui rend toute démocratie syndicale impossible, comme le montrent ces exclusions.

On peut donc s’interroger sur le bilan que font les JCR et la LCR sur leur stratégie d’opposition au sein de l’Unef. L’ambition de départ des JCR en 1995 était l’unification des gauches syndicales au sein des Unef. Celles-ci avaient à l’époque un poids au sein de l’Unef-SE, mais ont choisi majoritairement de sortir de ce syndicat pour fonder SUD-Etudiant ou la FSE (Fédération syndicale étudiante). Certains JCR ont suivi à contrecœur ces sorties, pour finalement majoritairement réintégrer l’Unef réunifiée en 2001. Au final, 11 ans plus tard, la TTE ne rassemble que 10 % des votes, 38 exclusions suffisent à la mettre en difficulté et, surtout, elle n’a en rien enrayé la droitisation de l’Unef.

Celle-ci a, au contraire, montré lors du mouvement contre le CPE qu’elle était un frein pour les luttes et les JCR ont dû jouer des pieds et des mains pour arriver à porter une orientation de lutte tout en respectant les positions nationales de l’Unef. Même si les JCR ont finalement dénoncé la “ direction de l’Unef ” à la fin du mouvement, c’est aussi avec courage que certain-e-s ont consommé la rupture en se plaçant du côté des étudiant-e-s en lutte le 1er mai. Cette rupture précipitée, ainsi que la schizophrénie permanente de la TTE lors du mouvement anti-CPE, font débat au sein des JCR et la LCR, mais également au-delà.

À l’heure actuelle, il semble que les exclu-e-s soient en phase de réintégration de l’Unef sous conditions. Mais le débat ne doit pas s’arrêter là.

Grégoire Mariman (AL Paris Sud)

 
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