Extrême gauche : L’électoralisme pluriel




Variations léninistes : la course au pourcentage mène à toutes les alliances et aux contorsions stratégiques les plus inattendues.

À l’occasion des élections municipales des 9 et 16 mars prochains, les trois principales forces de l’extrême gauche trotskyste, la LCR, Lutte ouvrière (LO) et le Parti des travailleurs (PT) se lancent dans la « bataille » électorale. Leur attitude et leurs alliances respectives témoignent de l’élasticité stratégique à laquelle peut conduire la volonté d’exister sur le terrain institutionnel.

La LCR annonce qu’elle présentera autour de 180 listes, soit toute seule (les listes « 100% à gauche ») soit en partenariat avec, selon les villes : le PCF, la Gauche alternative (courant issu de la campagne Bové), des collectifs locaux comme Les Motivé-e-s à Toulouse, LO ou encore le PT.
Malgré la ligne d’indépendance politique vis-à-vis du Parti socialiste qui prévaut désormais, la LCR envisage par endroit, à Paris notamment, une « fusion technique » (rendu possible si sa liste dépasse les 5 % au premier tour) avec les listes de gauche plurielle (à condition qu’elles écartent tout rapprochement avec le Modem). Il s’agit d’obtenir des élus… tout en annonçant qu’ils ne siègeront pas dans les exécutifs municipaux ! Elle appellera également les électeurs et les électrices à « battre les candidats de Sarkozy ».

Il ne faut jamais dire jamais !

Du côté de LO, on assiste à un revirement majeur puisque le « parti d’Arlette Laguiller » s’est prononcé pour de listes d’union de la gauche dès le premier tour. Cela se concrétise par le soutien et la participation de LO à des listes conduites par le PCF ou le PS, aux côtés des Verts des chevènementistes et des radicaux de gauche, y compris dans le cas de maires socialistes sortants comme à Clermont-Ferrand. LO présente des listes autonomes seulement quand le PS ou le PCF ont refusé ses offres de services. Cette stratégie n’est pas sans susciter des remous dans une organisation traditionnellement sans illusion sur la nature antisociale de la gauche de gouvernement, et qui jusqu’ici ne manquait pas une occasion pour souligner l’opportunisme électoral de la LCR et ses compromissions avec la gauche plurielle. Ainsi, les minoritaires regroupés dans la fraction L’Étincelle ont été exclus de l’organisation pour s’être opposé à ces unions de la gauche.

Le Parti des travailleurs, chantre de la rupture avec l’Union européenne, semble disposé à des contorsions similaires. On le retrouve en effet engagé à Argenteuil avec Les Verts, les chevènementistes et les radicaux de gauche, en faveur du socialiste dissident Alain Leikine (strauss-kahnien… donc favorable à l’UE) qui se présente face à Philippe Doucet (royalo-ségoliste) officiellement investi par le PS et soutenu par le PCF et… Lutte ouvrière !

Pour les socialistes, l’éventail des partenaires possibles couvre donc un large spectre, avec selon les villes l’extrême gauche ou le Modem (à Dijon et Grenoble notamment).

Garnier (AL Paris-Sud), le 16-02-08

 
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