Grèce : Police raciste de proximité




Aube dorée est un petit parti néo-nazi grec, qui organise des milices qui bastonnent les étrangers et les militants dans les rues de certains quartiers d’Athènes. Il a fini à près de 7 % faisant entrer 21 députés à l’Assemblée le 6 mai dernier.

Les élections de mai 2012 en Grèce ont été marquées par une campagne très excitée de la droite avec en tête le schéma de la campagne sarkozyste de 2007 où il avait réussi a siphonner l’extrême droite. Agitant le risque (plus ou moins fantasmatique) de voir la Grèce virée de l’espace Schengen, la Nouvelle Démocratie (droite) a fait feu de tout bois contre les sans-papiers. Elle a par exemple annoncé la création de trente nouveaux centres de rétention d’une capacité de 1000 places chacun, rejoint par un Pasok à peine moins énervé. Dans ce cadre, la proposition délirante d’Aube dorée, groupuscule néo-nazi, de placer des mines antipersonnel à la frontière turque restait dans l’ambiance.

Aube dorée, commençons par le signaler, ne tient pas les rues d’Athènes, la principale ville où il est implanté. Outre qu’il ne dispose pas d’assez de militants pour ça, le parti rencontre aussi une forte résistance, chez les anarchistes et les immigrés. Pourtant, il a réussi en quelques années à s’imposer, en particulier dans quelques quartiers. Ainsi dans celui d’Agios Panteleimonas, aux municipales de 2010, Aube dorée a attiré 20 % des suffrages, et a pu faire élire son chef au conseil municipal.

20 % dans la police

Il faut dire que dans le contexte de crise actuelle, la population d’Athènes s’est particulièrement paupérisée, ce qui entraîne un regain des agressions, monté en épingle par les fascistes qui utilisent chaque crime crapuleux pour lancer une vague de ratonnades et d’attaques de squat.

Ainsi, de nombreux commerçants voient d’un bon œil l’activité milicienne d’Aube dorée dans leurs quartiers, où elle peut passer pour une sorte de police raciste de proximité, qui supplée aux carences de la police régalienne. D’autant qu’elle se flatte aussi de faire dans le social, en annonçant à grand renfort de propagande qu’elle offre aux personnes âgées « grecques » de faire leurs courses pour elles si elles ne peuvent sortir de chez elles, ou de les y accompagner. Les miliciens annoncent aussi procéder à des distributions de nourriture et de vêtements – toujours pour les Grecs – les plus pauvres.

En cumulant refus de l’austérité et un discours hyper-nationaliste xénophobe, Aube dorée s’assure aussi de forts soutiens dans la police et dans l’armée où il est estimé respectivement à 20 et 15 %. Ce parti peut être séduisant pour des forces répressives, sensibles au discours anti-austérité, mais restant racistes et opposées aux anarchistes et autres « casseurs ».

Les dernières déclarations négationnistes du dirigeant du parti, comme les différents procès de ses membres pour agressions, vont peut-être faire baisser son score aux élections législatives du 17 juin. Ceci dit, dans tout les cas, Aube dorée va sûrement conserver des députés, ce qui veut dire des moyens financiers et une couverture médiatique.
Bref, Aube dorée reste loin du pouvoir, mais sa capacité de nuisance augmente. Fort heureusement, là-bas, nos camarades anarchistes les combattent pied à pied. Souhaitons leur la victoire.

Nico (AL Marseille)

 
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