Haribo : Se révolter, ça coûte bonbon !




Le jeudi 10 janvier 2013 au matin, 250 personnes sont rassemblées devant les portes de l’usine Haribo à Uzès (Gard). Un élan de solidarité lancé à l’initiative de la section CGT Haribo suite à la mise à pied, le 6 décembre 2012, de Jean-Christophe Jolbert.

En tout, ce sont six fautes graves qui sont reprochées à Jean-Christophe Jolbert, employé d’Haribo, âgé de 43 ans, récemment élu CGT au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHS-CT). « La situation de cet homme est inadmissible, scandaleuse » s’emportera, devant l’usine, un membre de la délégation marseillaise de la CGT Haribo. Le scandale vient du fait que ces six fautes (vols de bonbons, ralentissement de la production, etc.) dénoncées par des salarié-e-s de l’entreprise auprès de la direction « remontent à il y a près de huit mois et sont totalement infondées »
La direction d’Haribo, en s’attaquant à Jolbert, cible avant tout un élu au CHS-CT, soit une instance qui possède, en soi, un pouvoir important que les patrons n’ignorent pas : celui d’arrêter un atelier, un bureau, voire une usine ! Et les motifs ne manquent pas : la pollution, l’hygiène, l’absence de sécurité, les cadences, les conditions de travail, le harcèlement moral…

Travail de mobilisation

Jolbert ne s’y trompe d’ailleurs pas quand il déclare : « Ce n’est pas moi que l’on attaque précisément, mais bel et bien l’élu à la CGT au CHS-CT, parce que j’ai pointé du doigt des choses qu’on ne voulait pas. Mon travail ne peut être remis en cause, d’ailleurs à la date où j’aurais commis les faits, il y a huit mois de cela, j’ai même eu droit à une augmentation de mon coefficient et de mon salaire en guise de récompense ! ».

Le 28 décembre dernier, un premier rassemblement d’une centaine de sympathisants avait déjà eu lieu durant le comité d’entreprise exceptionnel. Pour ce deuxième rendez vous, le travail de mobilisation a payé, à force de diffusions de tracts dans les principales villes du Gard, puisque le double de personnes était présent.

Pressions de la direction

La CGT Haribo avait, en outre, souhaité élargir le soutien aux autres organisations syndicales et politiques départementales. Des délégations de la CNT, du NPA et de Sud étaient invitées à prendre la parole lors du rassemblement. Prises de parole que l’union locale CGT d’Uzès et l’union départementale CGT feront tout pour empêcher. Les vieux réflexes staliniens de monopole syndical très en vogue (hélas) dans le « Midi rouge » ont la vie tenace.

La campagne pour la réintégration de Jean-Christophe s’annonce néanmoins difficile. La direction use de tous les moyens pour empêcher une vraie solidarité des salarié-e-s d’Haribo, en dehors des syndiqué-e-s CGT. De nombreuses pressions sont exercées au point que parmi les 250 personnes du 10 janvier, une minorité des ouvrier et ouvrières étaient présents alors que le pari était de fermer l’usine ce jour-là. Cela n’enlève rien à la détermination de la CGT Haribo et à la justesse de son combat.
Dans un département où le chômage dépasse les 13 %, où les plans de licenciements se multiplient (Shellbox, Jallate, Salins du Midi, Vachaud), ce cas de répression syndicale, qui témoigne d’un autre siècle, mérite en tout cas tout notre soutien. La lutte continue…

Jérémie Berthuin (AL Nîmes)

 
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