Industrie : Les PSA ne lâchent rien




Après plus de onze semaines de grève sur le site de PSA
à Aulnay (Seine-Saint-Denis), les grévistes tiennent bon face à la direction et continuent les actions en direction des autres entreprises.

La grève lancée par les syndicats CGT et Sud de l’usine, rejoints par la CFDT, est certes minoritaire mais a su tenir dans la durée et compte 400 à 500 grévistes chaque jour. De plus, l’assemblée générale quotidienne est source de dynamisme et de démocratie et a permis à plusieurs reprises que les décisions et choix du comité de grève ne soient pas ceux de quelques personnes ou partis politiques, mais bien des salarié-e-s. Si la CGT a réussi à lancer plusieurs outils innovants en termes de communication et d’agitation médiatique, elle a échoué à lancer un mouvement national sur PSA (parce qu’elle ne l’a pas en fait tenté). Au final, une grève dure et tirée par le haut par la démocratie interne et les actions coups de poing mais avec des difficultés réelles rencontrées pour étendre la grève.

De son côté, la direction tente de jouer le pourrissement. Face à cela, la solidarité concrète s’organise, et la caisse de solidarité a permis de maintenir une part importante du salaire des grévistes. Des centaines de collectes ont eu lieu en France mais aussi dans d’autres pays.

Recours au droit

Plusieurs procédures ont été lancées au tribunal. Pour mémoire, la CGT Faurecia avait obtenu après une action en justice à l’été 2012 une victoire en Cour d’appel en faveur de la suspension du plan de restructuration dans leur entreprise. Sud PSA s’est inspiré de ce précédent, mais les audiences ont été renvoyées à début avril. Si la CGT PSA-Aulnay, pour des raisons inexpliquées, s’est refusée à se joindre à l’action de Sud, la fédération CGT Métallurgie a elle aussi saisi la justice, mais via une autre procédure. Si l’unité syndicale CGT/Sud à Aulnay permet aujourd’hui de maintenir la grève, il en ressort quelques divergences, qui peuvent s’exprimer ici et là sans remettre en cause aujourd’hui la mobilisation unitaire qui s’est construite dans la lutte.
Quand il s’agit de casser la grève, PSA a de l’imagination : procédures de licenciements contre plusieurs grévistes, accusations de violence, pressions quotidiennes et arbitraires via des milices de cadres venant de toute la France, lock-out pendant plusieurs jours, diminution des cadences sur Aulnay pour les augmenter à Poissy (Yvelines), pseudo-perspectives de formations et soutien affiché de plusieurs syndicats de l’entreprise (le SIA, FO, CGC, CFTC).

PSA patron voyou

Mais si PSA est un patron voyou, c’est aussi le cas du patronat de l’automobile en général, qui a précarisé depuis des années des dizaines de milliers de salarié-e-s, via la sous-traitance et l’intérim, et incité à des accords précurseurs de l’Accord national interprofessionnel (Ani) à Sevelnord pour PSA mais aussi chez Renault : les grévistes d’Aulnay ne se sont pas trompé-e-s en occupant dernièrement le siège de l’UIMM (fédération patronale de la Métallurgie) le 8 mars dernier, avant d’être évacué-e-s par les CRS.

Samedi 23 mars, c’était au tour de l’extrême droite au discours pseudo-social d’organiser un meeting à côté de l’usine de PSA. Fort heureusement une contre-manifestation unitaire rassemblant plus de 400 personnes a eu lieu. Las des illusions, les salarié-e-s d’Aulnay ont cependant compris devant la passivité et l’affrontement avec le gouvernement, qu’ils devaient avant tout compter sur eux et elles-mêmes : « Le changement, ce sont nos luttes qui le feront ! » comme le rappelle le slogan de Sud PSA.

RoberK (AL Montreuil)

 
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