Jeunesse : Se coordonner, oui mais comment ?




Face à la sélection et les autres mesures élitistes fermant encore plus les études supérieures aux classes populaires, la fin de l’année universitaire est marquée par une accélération de la mobilisation dans plusieurs facs.

Malgré la période d’examens, les lycéennes et lycéens continuent de se coordonner entre établissements comme à Paris ou à Rennes, en distribuant des tracts, en organisant des AG lycéennes, des barrages filtrants, des blocages. L’aide de la part des étudiantes et étudiants est toujours utile face aux difficultés rencontrées pour s’organiser, tant qu’elle ne s’y substitue pas. Beaucoup de lycéen.nes n’auront aucune affectation quand Parcoursup commencera à donner les résultats, le 22 mai, date de mobilisation de la fonction publique.

Une mobilisation étudiante qui s’amplifie !

Presque toutes les universités à Paris sont maintenant mobilisées et se coordonnent entre elles. En réaction, des facs ont été fermées administrativement, et la police a expulsé, blessé et arrêté des étudiant.es, comme à Nanterre et Tolbiac, le directeur l’ayant laissée rentrer. La «  commune libre de Tolbiac  » (Paris-I) qui avait voté l’occupation jusqu’au retrait de la loi ORE a permis de réunir en AG près de 800 étudiant.es, organisant des ateliers pour faire vivre cette fac ouverte. A Saint-Denis (Paris-VIII), en plus de l’occupation d’un amphi permettant de loger des exilé.es depuis trois mois, 1 000 personnes ont voté le blocage de la fac jusqu’au 20 avril. Et la Sorbonne a été occupée par 400 personnes suite à l’AG interfac, pour la première fois depuis 2006 !

C’est à Toulouse que le mouvement s’est massifié le plus tôt, car il est dans la continuité d’une lutte contre la fusion de l’Université Jean-Jaurès (Mirail) avec d’autres facs toulousaines. Ce projet allait se traduire par des conditions de travail dégradées, des suppressions de postes pour les personnels, une hausse des frais d’inscription pour les étudiantes et étudiants, des conseils d’administration toujours plus opaques, une puissance accrue des intérêts privés et une valorisation des filières et laboratoires «  d’excellence  » au détriment de ce qui ne répondrait pas aux besoins de l’économie de marché. La grève a été initiée à partir de décembre par les personnels, soutenue par les syndicats comme la CGT Ferc-Sup, Sud Educ et FSU, et a été rejointe par les étudiant.es. Plusieurs conseils d’administration ont été envahis et le mouvement a commencé à affirmer son opposition à la fois à la fusion et à la sélection. Les AG ont alors commencé à grossir et la mobilisation s’est durcie début 2018. Début mars, l’AG étudiant.es-personnels a voté le blocage du campus du Mirail, et les AG suivantes ont été massives, culminant parfois à 2 000 personnes, et reconduisant le blocage à chaque AG. La poursuite ou non du blocage doit être votée à la prochaine AG, au retour des vacances. La menace d’une intervention policière est dans toutes les têtes. Les médias bourgeois locaux ont tout fait pour décrédibiliser le blocage et l’occupation du Mirail. C’est pourquoi les mobilisé.es ont mené une action coup de poing en envahissant les locaux de La Dépêche du Midi pour imposer la publication d’un communiqué non modifiable.

Pour une coordination étudiante démocratique

A Lyon comme à Grenoble, alors que les étudiant.es contre la sélection et les syndicats étudiants de lutte avaient du mal à faire partir la mobilisation, le travail de terrain a commencé à porter ses fruits, avec 1 400 étudiant.es à Grenoble votant le blocage de bâtiments. Ce sursaut plus tardif provient également de l’envie de lutter face à la répression et du dégoût suite à la médiatisation de l’attaque fasciste à la fac de Montpellier. L’extrême-droite dévoile son véritable rôle en s’attaquant au mouvement social, comme à Strasbourg, à Paris ou à Lille. La meilleure réponse aux fafs, au-delà de l’autodéfense de nos mobilisations, c’est de continuer d’élargir notre mouvement, pour être toujours plus nombreux et déterminés.

Face à la répression, d’autres secteurs en lutte nous soutiennent, comme à Marseille, où le syndicat CGT portuaire affirme qu’il répondra par une grève à toute agression policière ou fasciste contre l’occupation de l’université Saint Charles !

La mobilisation a du mal à se coordonner nationalement. Bien que la Coordination nationale de lutte (CNL ) ou la Coordination nationale étudiante (CNE) aient posé des dates de mobilisation nationale, elles ne sont pas exemptes de reproches. La CNL fonctionne sans mandats, donc sans contrôle démocratique sur les décisions qui s’y élaborent. La CNE, elle, a été au début contrôlée par les militantes et militants de l’Unef qui, au lieu de respecter les mandats de leurs AG, ont agi suivant les consignes de leur syndicat, notamment en se faisant mandater par des AG fantômes, ne réunissant qu’une poignée d’étudiant.es dont le but est de donner davantage de voix à l’Unef lors de la coordination. En augmentant la différence de voix entre les petites et les grosses AG, ces manœuvres ont moins de poids. Pour nous, communistes libertaires, l’autogestion de la lutte passe par des étudiantes et étudiants mandatés par leurs AG pour que la coordination soit véritablement auto-organisée par les étudiant.es, et non pas contrôlées par des groupes politiques ou des organisations syndicales.

Alors que les partiels et les vacances approchaient, à la mi-avril, près de la moitié des facs étaient bloquées, avec des AG massives comme à Rennes-II le 16 avril avec 4 000 étudiantes et étudiants dont plus de 3 000 ont voté la reconduction du blocage jusqu’au 30 avril. Dans les facs où se tiennent des AG très fournies, empêcher la tenue des examens est envisageable. La convergence avec le personnel et les enseignant.es est alors importante pour que les étudiant.es obtiennent leur année. L’enjeu est aussi d’inclure les étudiant.es venant d’entrer dans la mobilisation pour que les occupations soient vivantes, et que les actions à l’extérieur des facs soient largement suivies, dans le but de soutenir les cheminot.es, les enseignant.es, les personnels hospitaliers, les salarié.es en grève à Carrefour, dans le secteur aérien, ou encore à la Poste. La seule façon de gagner, c’est de faire converger les mobilisations. C’est un mouvement d’ampleur qu’il nous faut, une grève générale et reconductible qu’il s’agit non d’invoquer mais bien de construire méthodiquement. La jeunesse doit être au rendez-vous, continuons de nous organiser de façon autogestionnaire, de convaincre toujours plus de monde de se mobiliser et allons à la rencontre des travailleurs et travailleuses en lutte  !

Commission jeunesse

 
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