Manifeste de l’UCL

L’urgence écologique et sociale




Le monde vivant est aujourd’hui menacé par le dérèglement climatique, la déstabilisation de la biodiversité, l’empoisonnement des terres et des eaux, l’artificialisation des terres, la déforestation… La lutte écologiste est vitale ; elle n’est cohérente qu’en étant anticapitaliste et antipro­ductiviste.

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Le capitalisme repose sur la nécessité d’une croissance continue de la production et sur une extension de son emprise. Il surexploite les ressources planétaires. Pour optimiser la production et la distribution, il a poussé à son paroxysme la spécialisation et la hiérarchisation des espaces par la métropolisation. Cela éloigne toujours plus les lieux de production, de consommation, de vie et de travail.

Les classes dominantes se nourrissent de l’illusion qu’il serait possible de résoudre la crise environnementale par la techno­logie, sans sortir du capitalisme. Elles combattront toute mesure, même indispensable, qui menacerait leurs profits.

Elles se font le chantre d’un capitalisme prétendument « vert » qui promeut des solutions partielles exclusivement techniques, ouvrant de nouveaux marchés sans remettre en question la tendance mortifère à l’accumulation indéfinie du capital.

L’acceptation du cadre capitaliste conduit, au mieux, aux diverses solutions individuelles de « simplicité volontaire » avec un impact global limité, et, au pire, à une politique de rationnement pour les classes populaires, qui sont les premières victimes des désastres écologiques. Les capitalistes confisquent aux classes populaires les moyens de choisir comment elles consomment, comment elles produisent, comment elles se déplacent, etc. Ils les contraignent donc à participer à la destruction de ­l’environnement.

À l’inverse nous défendons la perspective d’une production répondant aux besoins de l’humanité et respectant les limites de la biosphère. Au lieu d’une exploitation destructrice de la nature, l’humanité devra trouver un équilibre avec les autres formes de vie.

Trois révolutions sont nécessaires

Une révolution des modes de production. La maîtrise de la production par les paysans et paysannes sera le fer de lance du combat contre les multinationales agroalimentaires : fin de la spécialisation agricole de régions entières ; remise en cause de l’utilisation massive des pesticides et des engrais industriels ; abolition des élevages industriels, des abattages à la chaîne, de la pêche industrielle…

Une révolution des modes de vie. Nous nous battons pour une société égalitaire dans laquelle les moyens de production seront socialisés. Un nouveau mode de vie pourra naître. L’organisation des villes, les équilibres entre villes et ruralité, l’organisation de nouveaux habitats – favorisant la mutualisation de biens et d’installations –, tout pourra être trans­formé. Une vie sociale riche, ­associant convivialité, culture, sciences, activités physiques, festives… pourra éclore et la possession de biens matériels n’aura plus une place centrale dans la vie humaine. Une société où l’être humain ne se considère plus comme supérieur aux autres espèces, maîtrise l’impact de ses implantations et de ses activités sur l’environnement, afin de vivre en harmonie avec le reste du monde vivant.

Une révolution des échanges. Contre le libre-échange, nous défendons l’« autonomie produc­tive ». Chaque région du monde doit être en mesure de produire ce dont elle a besoin une fois débarrassée de la dépendance des multinationales. Cela ne signifie pas une autarcie, mais des circuits d’échange courts, et la limitation des échanges longs à ce qui ne peut être produit localement.

Des pans entiers de l’économie capitaliste devront disparaître, en particulier tout ce qui est lié à la marchandisation du vivant, au contrôle des classes dominées, à la publicité, au suremballage, à l’appropriation privée des terres, des bâtiments et des outils de production, à la bourse et à la domination de la finance, aux productions réservées aux classes privilégiées, aux temps de transport absurdes imposés par la ségrégation socio-spatiale, à l’extraction de ressources des sous-sols des pays du Sud…

L’utilisation de matières premières à fort taux de dangerosité, difficilement recyclables et dont l’extraction détruit l’environnement devra être sévèrement plafonnée et remplacée dans la mesure du possible. Nous combattons autant les énergies fossiles que le nucléaire.

Nous revendiquons la sortie du nucléaire avec arrêt immédiat de son utilisation civile (hormis les usages médicaux) et militaire, car c’est un système autoritaire lié à l’industrie militaire impliquant une gestion policière, excessivement dangereux, dont la pollution est irréversible, et aux antipodes d’un modèle énergétique décentralisé et démocratique. Les besoins en énergie, réduits par les nouveaux modes de production et de vie, pourront être satisfaits avec des sources renouvelables d’énergie, produite en priorité localement et en fonction des besoins.

Une écologie sociale au cœur des luttes

Le combat écologiste est intimement lié au combat pour un autre type de société. Il est inséparable du combat pour une démocratie directe et pour une égalité éco­nomique. La construction d’une convergence entre les luttes ­sociales et les luttes écologistes est ainsi la brique fondamentale d’une stratégie écologiste conséquente.

Nous récusons à l’avance toute logique antidémocratique, dans laquelle des experts – trop souvent liés aux classes dominantes – décideraient à la place des populations concernées.

Nous n’attendons rien de l’institutionnalisation des luttes écologistes, ni des réponses institutionnelles à la crise environnementale. Elles sont inefficaces et préservent les intérêts des capitalistes.

Nous voulons contribuer à construire le combat écologiste de façon pluraliste :

  • au sein d’associations spécifiquement écologistes, en y défendant la prise en compte des intérêts des classes populaires et en recherchant le débat et les alliances avec le mouvement social ;
  • au sein du mouvement syndical et des associations de lutte sur le logement, la santé… en se battant pour que la dimension écologique soit systématiquement prise en compte et que le mouvement social devienne un des acteurs des mobilisations écologistes.
  • en participant à la création d’outils collectifs de production et de distribution.

Les victoires partielles obtenues par les résistances locales sont importantes. Elles ne prendront tout leur sens que si elles permettent d’affaiblir l’emprise idéo­logique du capitalisme. Ainsi les expérimentations alternatives – construites en convergence avec une dynamique de luttes sociales revendiquant la socialisation des moyens de production – permettront de populariser des imagi­naires libertaires et de structurer des éléments de contre-pouvoir indispensables au renversement du capitalisme.

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