politique

La nécessité d’une alternative




Licenciements pour les un-e-s, chantage à l’emploi et baisses de salaires pour les autres, stigmatisation des chomeur-se-s, chasse aux immigré-e-s… l’arrivée du Parti socialiste au pouvoir en 2012 n’aura au final fait que redoubler les attaques contre les classes populaires. Le patronat se sent pousser des ailes et en demande toujours plus. Le Front national et les réac’ de tous poils se tiennent en embuscade et s’enracinent dans le paysage politique, tirant toujours plus à droite l’UMP et le PS… Il y a urgence à construire une alternative à ce système à bout de souffle.

Le Front de gauche essaie de dessiner un semblant d’alternative et cherche à tisser des alliances avec la gauche du PS (Europe-écologie, Nouvelle donne, les « frondeurs » du PS), avec, en perspective, les élections de 2017. Mais les propositions de ce courant (une 6e République, une réforme fiscale d’ampleur) ne sont pas à la hauteur des enjeux : d’une part, elles se présentent comme des solutions institutionnelles, réduisant les luttes sociales à de simples leviers en vue des élections ; d’autre part, elles se limitent à des aménagements du système, qui passent à côté du problème.

Or, nous avons en face de nous un système capitaliste aux abois, qui a besoin, pour survivre, de rogner les salaires et de faire disparaître les acquis sociaux. Si nous voulons combattre cette machine de guerre, nous ne pouvons pas nous contenter de propositions tièdes, qui ne remettent pas fondamentalement en cause le capitalisme.

Surmonter les divisions

Nous affirmons au contraire que le capitalisme n’est pas réformable et qu’aucune amélioration durable du sort des travailleurs-ses ne peut être obtenue tant que perdurera ce système mortifère. Les anticapitalistes n’ont donc pas à rougir de vouloir rompre avec ce système impossible à désarmer ou à domestiquer. La seule manière de le combattre, c’est de lui arracher le pouvoir que lui confère la propriété des moyens de production et de se débarrasser de l’État qui est à son service.

En revanche, nous faisons le constat que la division entre les organisations anticapitalistes affaiblit considérablement leur audience parmi les exploité-e-s et leur poids dans les luttes. L’exemple de la Grèce, qui compte de nombreux militant-e-s révolutionnaires, montre bien que l’aggravation de la crise ne se traduit pas mécaniquement par un renforcement des opposants au capitalisme. De même, en France, cet éclatement et la faiblesse qui en découle découragent de nombreux-se-s militant-e-s, lassés par le sectarisme de chaque chapelle, de s’organiser politiquement.

L’unité dans la diversité... et dans la rue !

Pour autant, il serait prématuré de penser pouvoir réunir tous les anticapitalistes au sein d’une même organisation : on ne tirera pas un trait sur les différences de cultures, d’histoire, les chapelles idéologiques, du jour au lendemain. Il faut donc partir de ce qui nous rassemble pour construire l’unité des anticapitalistes : notre opposition au capitalisme et à l’ensemble des oppressions, notre implication dans les luttes et nos pratiques d’auto-organisation.

Nous pensons également que ces fronts doivent se bâtir hors des logiques électorales, car nous sommes convaincus que la lutte anticapitaliste se mène pour l’essentiel hors de l’institution et que les élections divisent plus qu’elles ne rassemblent. C’est sur ces bases qu’Alternative libertaire appelle à la constitution de fronts anticapitalistes. Une telle unité permettra au mouvement anticapitaliste d’acquérir une visibilité et une crédibilité qu’aucune des organisations actuelles ne peut prétendre atteindre seule.

Depuis 2012, avec l’arrivée de Hollande au pouvoir, l’essor du Front de gauche et la crise du NPA, cette proposition trouve un nouvel écho chez les anticapitalistes. Ainsi, plusieurs fronts locaux ont pu être constitué à Agen, Toulouse, Nantes, Angers, Albi et des premières réunions d’échange ont eu lieu dans ce sens à Nîmes, Bobigny, Orléans, Montreuil, Rennes. Dans ces villes la proposition a en général reçu un accueil favorable du NPA, des Décroissants, de l’OCML-VP, voire des Alternatifs ou de la FA.

Là où la démarche est la plus aboutie, les fronts anticapitalistes ont été à l’initiative de meetings, concerts, soutiens aux luttes, tracts communs, et des militant-e-s inorganisé-e-s politiquement s’investissent.

AL dans le pôle anticapitaliste de la manifestation du 12 avril 2014 à Paris.

Cette habitude de travail commun a également permis de mieux se coordonner dans les luttes et dans les collectifs unitaires, par exemple au moment de la préparation de la manifestation nationale contre l’austérité à Paris le 12 avril 2014. En effet, il ne s’agit pas de se substituer aux mouvements sociaux (syndicats, associations de lutte...), ni de bâtir un camp politique qui s’isole du reste des organisations s’opposant au gouvernement et au patronat.

Passer à la vitesse supérieure

La question se pose aujourd’hui d’une rencontre nationale et d’un appel de plusieurs organisations à la constitution de fronts anticapitalistes. Alternative libertaire a écrit en janvier 2012 à l’ensemble des organisations anticapitalistes, qu’elles soient libertaires, marxistes ou décroissantes. Seuls le NPA et les Alternatifs avaient répondu… avec un certain scepticisme.

La situation est différente aujourd’hui et c’est pour cela que nous faisons campagne. L’idée doit être popularisée et débattue le plus largement possible, clairement expliquée afin d’éviter tout faux débat, et il faut mettre en commun les expériences locales.

 
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