Lire : Les Cahiers du Centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol




La revue Les Cahiers du CTDEE est éditée par le Centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol, association fondée en 2008 par des exilé-e-s espagnols et leurs descendants. Cette association a pour objectif de regrouper et archiver tous les documents qui lui sont confiés relatifs à l’activité des réfugiés politiques espagnols à Toulouse et sa région à partir de 1939. Le fonds documentaire ainsi constitué est accessible au public et aux chercheurs pour en permettre la consultation et l’étude. Il est mis en valeur par des expositions et par la publication des Cahiers du CTDEE.

À ce jour deux numéros sont parus. Le premier en juillet 2014 : il contient un important dossier sur le goulag de Karaganda où furent enfermés par le régime stalinien 59 antifascistes espagnols, marins ou élèves pilotes, bloqués en URSS après la victoire franquiste. Le dernier d’entre eux ne sera libéré qu’en 1956 après seize ans de goulag dans la patrie du socialisme… Le dossier démonte les mensonges de la presse communiste, française et espagnole en exil, qui niera cyniquement l’existence du camp de Karaganda et des espagnols enfermés là-bas.

Le numéro 2 est paru en octobre 2014 pour les 70 ans de l’insurrection des Asturies, « l’autre révolution d’octobre ». Il comprend un article sur la nueve, l’unité de la 2e DB qui est entrée la première dans Paris le soir du 24 août 1944, épisode occulté de l’histoire de la libération de Paris. En effet la construction du roman national collait mal avec le fait que ce soit des anarchistes espagnols qui ont contribué à libérer la capitale. La plus grande partie de ce numéro est consacrée à l’insurrection d’octobre 1934 dans les Asturies.

Le 4 octobre 1934 des ministres de la CEDA, une coalition de droite catholique et réactionnaire dirigée par Gil Robles, entrent au gouvernement espagnol. Le 5 octobre, l’UGT, le PSOE et l’alliance ouvrière lancent une grève générale en protestation. Aux Asturies, l’alliance ouvrière, dont fait ici partie la CNT, contrairement au reste de l’Espagne, et le syndicat des mineurs se lancent dans une insurrection armée qui obtient très vite des succès spectaculaires. Dans le reste du pays, la grève générale a bien lieu dans les grandes villes, mais sans directives claires, le mouvement échoue. La CNT, échaudée par une série d’insurrections ratées dans les mois précédents, n’appela pas à la grève, à Barcelone par exemple… Très rapidement, aux Asturies, l’insurrection victorieuse devient une véritable révolution sociale : on parlera de « la Commune des Asturies ». Pour finir, ce mouvement sera écrasé dans le sang, en partie par ceux-là même qui mèneront l’insurrection fasciste 18 mois plus tard…

Mêlant histoire de l’Espagne révolutionnaire, histoire de l’exil et des combats que continueront à mener ceux qui ont pu échapper à Franco, Les Cahiers du CTDEE sont écrits par les personnes qui ont vécu ces événements ou leurs descendants.

Xavier (ami d’AL)

Les Cahiers du CDTEE, Toulouse,
80 pages,
10 euros.

 
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