11e congrès d’AL (Toulouse, 2012)

Logement : Refusons la spéculation !




Le logement est une préoccupation essentielle des habitants et habitantes des quartiers populaires. Les luttes du logement, même si elles connaissent des hauts et des bas, restent à un niveau plutôt plus élevé que beaucoup d’autres fronts de lutte. Qui plus est, la crise économique engendrée et entretenue par le capitalisme va, selon toute probabilité, augmenter les difficultés à se loger et donc l’intensité des luttes sur ce front.

Le logement, un bien fondamental en danger

Le parc social est insuffisant : aujourd’hui, 1,2 million de ménages attendent un logement social en France. Les logements disponibles à un prix raisonnable sont souvent éloignés des lieux de travail, mal desservis par les transports et dépourvus de services publics ou collectifs. Les propriétaires s’autorisent des exigences toujours plus délirantes en matière de pièces à fournir, de cautions et de loyers au prétexte d’être victimes de mauvais payeurs.

L’État laisse faire pour protéger les spéculateurs, amis du pouvoir. Des milliers de mètres carrés restent inoccupés pour maintenir les prix artificiellement élevés. Pire, il viole ses propres lois. Ainsi, le Droit Au Logement Opposable (DALO) n’est toujours pas mis en œuvre : une fois reconnus prioritaires, les bénéficiaires attendent un logement très longtemps. Les autorités refusent de réquisitionner les logements vides.

Des spéculateurs bâtissent des fortunes sur le dos des mal-logés et des locataires, contraints de consacrer une part toujours plus élevée de leurs revenus au logement (de 11% en 1960 à 27% en 2010 d’après l’INSEE). Les 20% de foyers les plus modestes consacrent au logement une part de leurs revenus deux fois plus élevée que les 20% les plus riches. Même les propriétaires qui achètent leur résidence principale pour l’habiter et non pour spéculer sont pressurés par les organismes financiers qui exigent des taux d’intérêt bien trop élevés.

Trop souvent, les logements sociaux sont bâtis sur des normes techniques minimales, source de consommations excessives en termes d’énergie et de fluides. Ceci a un impact important sur les budgets des occupants et des occupantes, mais également en termes environnementaux.

Alternative libertaire revendique...

Le logement doit être reconnu comme un droit fondamental et les moyens nécessaires doivent être mis en œuvre pour que ce droit soit respecté.

Sur le front du logement comme sur les autres fronts sociaux, Alternative libertaire articule d’une part des revendications immédiates et urgentes et d’autre part un projet de société articulant des revendications de long terme.

L’urgence, c’est :
 Le blocage des loyers : le blocage des loyers permet de remettre en cause rapidement la spéculation sur le logement et s’en prend au taux de profit que les propriétaires espèrent en tirer.
 La réquisition des logements vides et la maîtrise publique du foncier (y compris par l’expropriation) : il s’agit en même temps de répondre à un besoin concret immédiat des classes populaires, et de s’en prendre à la propriété spéculative. Les luttes du logement permettent d’opposer concrètement propriété d’usage et propriété de spéculation.
 Une taxe dissuasive sur les mètres carrés inoccupés, qu’il s’agisse de locaux commerciaux ou de logements, et sur les terrains inutilisés. En effet, de nombreux propriétaires préfèrent payer la taxe sur les logements vides plutôt que de baisser les loyers, afin d’entretenir la spéculation.
 L’application réelle de la loi SRU (Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain) qui définit le taux de logements sociaux dans les villes, accompagnée d’un relèvement très important des pénalités pour les communes qui ne l’appliquent pas. Cette revendication permet d’accroître l’offre de logements. Elle permet aussi d’avancer vers une gestion publique du logement, prémisse à un service social du logement. Les exécutifs municipaux, en particulier les maires, qui ne respectent pas le taux de logements sociaux doivent être révoqués et rendus inéligibles.
 La mise en œuvre d’une politique pour les bâtiments neufs mais également par la rénovation, d’application de normes environnementales soucieuses de minimiser les impacts écologiques et énergétiques ainsi que de réduire le coût économique de l’occupation des logements.

Mais la véritable solution à la crise du logement, c’est la socialisation des logements, c’est-à-dire l’application du communisme, de l’autogestion et de la démocratie directe dans le cadre du logement et donc :
 La mise en œuvre d’un service du logement socialisé, financé par les loyers, les propriétaires (en fonction de la surface habitable par personne) et les entreprises (en fonction de la surface occupée), et par l’expropriation des spéculateurs, au profit du service de logement socialisé. Cette revendication n’entre évidemment pas dans le contexte du projet de société communiste libertaire, puisqu’elle fait l’hypothèse qu’il reste des propriétaires privés. Néanmoins, elle constitue une étape concrète et identifiable avant la mise en place d’un service social du logement généralisé, gérant l’ensemble des ressources et du besoin de logement. Ce service socialisé aura également en charge la gestion du foncier au bénéfice de la collectivité, au lieu des intérêts privés.
 Permettre un accès au logement pour toutes et tous n’est qu’une première étape. Dès aujourd’hui, Alternative Libertaire s’inscrit dans une dynamique de lutte collectives pour l’instauration de services publics socialisés permettant à toutes et à tous un accès aux besoins élémentaires tels que l’énergie, le chauffage, l’eau… Cet accès universel comportera la fourniture d’une part gratuite de ces services, part correspondant à ce que les collectifs d’habitants définiront comme « normale », compte tenu des capacités de fourniture de la société et des équilibres écologiques.
 La limitation des loyers à 20% des revenus au maximum. La notion de « richesses produites » peut facilement remplacer celle de revenus. Il faut affirmer que le logement est un bien collectif, qu’il a donc un coût en termes de richesses produites. Le logement ne peut pas être gratuit : la construction, l’entretien, l’amélioration nécessitent une partie de la richesse produite collective. Mais le logement est également un bien essentiel, qui doit rester accessible à tout le monde et distribué équitablement.
 L’interdiction d’acheter un logement si ce n’est pour l’habiter. La propriété d’usage et de besoin doit être opposée à la propriété lucrative et de spéculation. Disposer d’un logement et pouvoir l’adapter à son goût et à ses besoins n’a rien de scandaleux : c’est de la propriété d’usage. Mais tirer un revenu d’un logement, ou disposer de plusieurs logements pour pouvoir spéculer, c’est du capitalisme. Nous refusons et combattons toute marchandisation du logement.

Réinvestir le front du logement

Les revendications les plus justes n’ont aucune chance d’aboutir sans organisation de lutte pour les porter, les populariser et les mettre en œuvre concrètement. De nombreuses organisations agissent sur le front du logement, et relèvent, principalement, de trois types de démarches :
 Les organisations caritatives (ou issues du monde caritatif), dont l’objectif est de traiter l’urgence « humanitaire », sans s’attaquer a priori aux causes du mal-logement (capitalisme, spéculation...) ;
 Les squats, qui ne s’inscrivent pas dans une logique d’obtention de nouveaux droits collectifs ;
 Les organisations de lutte et de transformation sociale sur le front du logement, qui revendiquent de nouveaux droits pour tous et toutes concernant le logement, et qui utilisent souvent le squat pour pallier les carences d’hébergement d’urgence et de logement et dénoncer le gâchis capitaliste de la multiplication des immeubles vides. Ces derniers peuvent s’inscrire dans la durée et constituer un point d’appui important pour les luttes. Par exemple, le CREA et la campagne « Zéro enfant à la rue » à Toulouse. Ils sont souvent la cible de la répression.

Dans cette dernière catégorie, une organisation se distingue : Droit au logement (DAL). En effet, elle a une implantation géographiquement large, avec des collectifs un peu partout en France. Elle bénéficie d’une reconnaissance à la fois médiatique et populaire. Elle promeut l’auto-organisation des mal-logé-es et des sans-logis. Elle met en œuvre des actions directes de réquisition. Mais elle ne défend pas seulement une conception caritative de la lutte du logement (c’est-à-dire centrée exclusivement sur le relogement immédiat de mal-logé-es), elle l’articule avec une revendication sur des droits nouveaux, pour tous et toutes (mais sans se limiter aux seules actions institutionnelles, contrairement à d’autres organisations).

Droit au logement occupe une place particulière dans le paysage des luttes sociales du logement. Évidemment, il peut y avoir des endroits où cette organisation est moins intéressante que ce qu’elle est au plan national. Cependant, elle reste un lieu d’organisation sur la question.

Alternative libertaire ne doit pas négliger son expression et son intervention propre, en tant qu’organisation politique, sur le front du logement.

Mais, comme sur les autres fronts de lutte, les militants et militantes d’Alternative Libertaire œuvrent au développement d’organisations de masse, pluralistes (et non pas des extensions, paravents ou courroies de transmission de telle ou telle organisation). Pour cela, les organisations de transformation sociale doivent être privilégiées comme ligne stratégique d’intervention sur ce front de lutte.

 
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