Parcoursup

Nanterre, ses sans-fac et ses condamnés




Les sans-facs se mobilisent en cette rentrée à Nanterre, cette fois dans le contexte de la lutte contre la plateforme Parcoursup : la répression est à la hauteur de la mobilisation.

À la fac de Nanterre, le mouvement social du printemps dernier contre Parcousup n’en finit pas d’occuper les esprits sur le campus. Son premier prolongement se manifeste dans le soutien aux sans-facs, impulsé tous les ans en septembre par les syndicats. À toutes les étudiantes et étudiants de la L2 au M2 sans la nationalité française, qui se voient mettre des bâtons dans les roues par l’université (laquelle leur demande par exemple un titre de séjour pour s’inscrire, ce qui est tout à fait illégal), viennent cette fois s’ajouter les recalé.es de Parcoursup. La présidence, s’appuyant sur la rigidité de la plateforme et des délais d’inscription, a choisi de laisser sur le carreau de nombreux jeunes bacheliers et bachelières qui souhaitaient s’engager dans une L1  : «  tous des rebeux, des renois, des prolos et des campagnards  », comme disait l’un d’eux lors d’une AG de rentrée, avec une partie significative issue des lycées peu cotés du 92. La sélection à l’université est bien en marche, et nettement plus brutale qu’auparavant. Au total, sur 600 personnes sans-facs recensées à Nanterre, si l’on ne compte pas celles qui sont parties s’inscrire dans des filières qui ne les intéressaient pas, voire dans le privé, ce sont 300 dossiers qui ont été portés devant la présidence.

Six mois fermes pour des militants

Si Parcoursup a aggravé un problème déjà récurrent, il a aussi fait redoubler d’intensité la résistance  : les sans-facs, plus nombreux, sont d’autant plus en mesure de se faire entendre, sans compter sur tous les soutiens militants qui voient dans cette lutte une suite logique du très médiatique mouvement du printemps. Le 2 octobre, les bureaux de la présidence de la fac de Nanterre – nichés au sommet de la forteresse B, derrière un sas, des vigiles, plusieurs grilles – ont été envahis le temps de négocier l’inscription de 70 dossiers ; engagement vite renié pour n’en accepter que 50. Malgré cette relative victoire nanterrienne, de futur.es étudiant.es resté.es sur le carreau continuent de se mobiliser à Panthéon-Sorbonne, à Saint-Denis, à Lyon et Toulouse en autres.

Le second prolongement du mouvement est lui beaucoup plus tragique. Mercredi 17 octobre, de bon matin au pied du TGI de Nanterre, la foule des soutiens aux inculpés apprend le verdict de leur procès avec effarement. Pour rappel, le 9 avril, sous les yeux des personnels et enseignants, une AG étudiante avait été violemment évacuée par la police, sur sollicitation du président Jean-François Balaudé  ; trois animateurs du mouvement avaient alors été arrêtés. L’un d’eux a été relaxé. Victor, un jeune porte-parole du NPA – que nous remercions pour l’aide qu’il a apportée à l’écriture de cet article – écope lui de quatre mois de prison avec sursis, accusé d’avoir mordu un CRS en armure (!) malgré l’absence de traces et de constat médical. Enfin, Roga, professeur de français bénévole pour l’association d’aide aux réfugié.es Welcome 2 Nanterre, accusé d’avoir lancé des regards menaçants et d’avoir tenté de porter un coup à un agent (malgré les témoignages contraires versés au dossier), se voit infliger six mois fermes. La disproportion de la sanction est telle que les deux condamnés ont déjà annoncé qu’ils allaient la porter en appel.

Marco (AL 36)

 
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