Nécrologie : Bob Crow manquera aux cheminots britanniques




Bob Crow est mort le 11 mars 2014. Secrétaire général du syndicat britannique National Union of Rail, Maritime and Transport Workers (RMT) depuis 2002, Bob Crow a joué un rôle considérable dans le mouvement syndical, en Grande-Bretagne et au-delà,notamment à travers la fédération internationale des transports (ITF), et la décision de RMT de rejoindre la Fédération syndicale mondiale (FSM) en juin 2013..

Le 6 février 2004, la Conférence extraordinaire du Syndicat RMT, réunie à Glasgow, confirmait par un vote de 42 pour et 8 contre, la décision prise lors de l’assemblée générale annuelle de 2003 de soutenir différents partis politiques et non plus seulement le Labour Party (Parti travailliste). Cette décision qui pourrait sembler anodine, a rapidement eu des conséquences considérables car elle marquait une rupture avec plus d’un siècle d’affiliation systématique, « naturelle » et obligatoire de tous les syndicats britanniques au Parti travailliste. Le syndicat avait déjà décidé d’autoriser cinq sections écossaises de RMT à s’affilier au Scottish Socialist Party (SSP). Cela ouvrait la porte à l’affiliation au SSP d’autres sections écossaises, et de façon plus significative d’autres syndicats suivront la voie de RMT, se désaffiliant du Labour Party.

Rassembler la Gauche syndicale

Durant les douze années de son mandat de secrétaire général de RMT, Bob Crow a soutenu, organisé et animé de nombreuses campagnes, notamment contre les méfaits de la privatisation du secteur ferroviaire et contre l’Union européenne ; dans un paysage syndical britannique qui ne s’est jamais vraiment remis de la défaite des mineurs face à Thatcher, RMT a montré à de nombreuses reprises que des victoires ouvrières étaient encore possibles !
Plus d’une fois, Bob Crow a « bousculé » le ronron d’ETF, la fédération des transports de la Confédération Européenne des Syndicats dans laquelle RMT a longtemps tenté d’organiser un courant rassemblant la « gauche syndicale » en s’appuyant sur la CGT française, la CGSP belge, en vain. Sans être le plus fervent supporter de ce choix, Bob Crow a aussi accompagné l’engagement de RMT dans les réseaux syndicaux de luttes, aux côtés de SUD-Rail (Solidaires) en France, la CGT de l’Etat espagnol, etc. En recherche d’une affiliation internationale sans concession sur l’aspect de classe, Bob Crow a poussé à l’adhésion du syndicat britannique à la FSM, en 2013, malgré le stalinisme bon teint de ses principaux dirigeants, et en faisant le pari d’une ouverture de son secteur européen, les italiennes et italiens d’USB ou les basques de RMT.

Lors des élections européennes de 2009, Bob Crow conduisait la liste « Not to EU – Yes to democracy ». Longtemps membre du Communist Party of Great Britain, il avait mis tout son poids dans la création d’une coalition électorale (TUSC, coalition des syndicalistes et des socialistes), recherchant l’unité des diverses organisations « socialistes ». Bob Crow se revendiquait d’un marxisme fortement marqué par le léninisme... tout en agissant en syndicaliste capable de rassembler bien au-delà de ses propres convictions. Si nos désaccords étaient importants sur la vision du socialisme, sur la caractérisation de la situation à Cuba ou encore sur l’autonomie du mouvement syndical, par exemple, nous affirmons que Bob Crow est un personnage important qui marquera l’histoire du syndicalisme.

Mouldi C. (Transcom)

 
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