Notre-Dames-des-Landes : « La Zad est partout », et même à Paris.




Depuis octobre, 150 collectifs de soutien ont émergé en France et en Belgique. A l’image de la zone à défendre (Zad) nantaise, ils regroupent des tendances politiques et des pratiques militantes très diverses. A Paris, c’est dans cette configuration que l’AG d’une centaine de personnes se réapproprie chaque mardi des réflexes de fonctionnement et de décisions collectifs et horizontaux.

Le 17 octobre, au lendemain des expulsions massives sur la Zad, une quinzaine de personnes se regroupent devant le ministère de l’Écologie pour une « vigie citoyenne », puis se retrouvent, quelques jours plus tard et un peu plus nombreuses, à côté de l’Assemblée nationale pour un pique-nique solidaire. Le 23 octobre, 150 personnes sont présentes pour une première assemblée générale de constitution d’un collectif parisien de soutien à la Zad, avec assez de forces pour mettre en place des actions et un rendez-vous hebdomadaire. La première action, le lendemain, renforce encore le collectif puisque des individu-e-s investissent Radio France, afin de populariser une lutte jusque là absente des médias.

Ce que l’on trouve aux fondations du collectif – le regroupement d’individu-e-s sur des bases d’action et non d’organisations – relève d’une culture autogestionnaire, ancrée dans les mouvements écologistes, altermondialistes, anarchistes, communistes, et qu’on retrouve au sein des Camps Action Climat, ou encore des contre-sommets.

De nombreuses actions

Rien d’étonnant donc dans le fait que le collectif veille à rester loin des récupérations politiques, et même si certaines participantes et certains participants de l’AG sont affilié-e-s, ce n’est tout simplement pas la question. En fonctionnant selon ce principe d’autogestion, le collectif peut d’autant mieux inclure les nouveaux arrivants et arrivantes.

Le collectif agit en lien avec les décisions de la Zad et de l’Acipa [1] à Nantes ainsi qu’avec l’AG des collectifs pour certaines des actions qu’il organise, et improvise pour les autres. Mais il n’est pas évident de prendre des décisions concrètes ni de pousser certains débats sans une bonne organisation collective. Une commission s’est alors mise en place pour réintroduire des pratiques d’assemblée.

Diversité des pratiques

Le degré d’investissement ne peut être le même pour tout le monde et les pratiques militantes sont diverses aussi, sans s’exclure les unes les autres. Comme à Notre-Dame-des-Landes, chacun trouve à se rendre utile d’une manière ou d’une autre : théâtre de rue, rédaction, affichage et diffusion de tracts, chansons, actions sur les pubs du métro, collecte de matériel pour la Zad, manifs et soirée(s) publique(s) d’information sur la lutte, plantation d’arbres de la Zad à la Ferme du Bonheur à Nanterre, construction prévue d’une cabane, concert le 15 février [2], etc.

A la fois réseau de soutien matériel à la Zad et d’action « décentralisée », le collectif parisien met tout en œuvre pour que la lutte soit victorieuse et c’est là sa raison d’être. Parallèlement, et c’est ce qui rend cette lutte emblématique, la logique mortifère qui mène au projet d’aéroport se décline partout – grands projets d’urbanisation échevelée, non voulus par les riverains, inégalitaires, et pour lesquels on défriche et expulse tant et plus –, et puisque la région parisienne n’est pas en reste, le collectif saisit parfois l’occasion de fédérer ou d’inspirer un certain nombre de luttes locales.

Commission écologie d’AL

[1Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport

 
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