Décembre 2007

Pour continuer la lutte et gagner, trouver un second souffle




Le mouvement étudiant et lycéen contre la LRU est à un tournant. Beaucoup d’étudiantes et d’étudiants mobilisés commencent à se décourager. Pourtant la victoire est à portée de main.

Depuis la suspension de la grève à la SNCF, le mouvement étudiant s’est retrouvé isolé. Pour gagner, il faut que le mouvement brise cet isolement, en convaincant l’opinion publique de la justesse de ses revendications et en mobilisant massivement les lycéennes, les lycéens et les personnels de l’Université.

Le mouvement tient bon

Rapidement de nombreuses facs sont parties en grève et le seuil de 40 sites bloqués atteint durant la mobilisation contre le CPE a été vite franchi.

Dès le début, l’Unef s’est opposée au mouvement, en acceptant les négociations à froid de juin. Voyant que le mouvement s’organisait sans elle, elle est revenue sur ses pas… pour se placer en interlocuteur du gouvernement. Bien content de trouver un partenaire si docile, Sarkozy a accordé une augmentation de 5 milliards d’euros à l’Enseignement supérieur… en vendant 3 % du capital d’EDF. Autrement dit, on espère calmer une mobilisation contre le démantèlement d’un service public, en avançant dans la privatisation d’un autre.

Si la participation active des étudiantes et des étudiants aux blocages, aux manifs et aux actions s’affaiblit, la participation aux AG reste elle très importante. Si le blocage cède par endroit, il est souvent reconduit avec une majorité confortable. Ceci montre que la majorité est hostile la loi.

Très vite, le débat s’est focalisé sur la question « blocage ou non ». Pourtant, cette question devrait être secondaire. Le blocage n’est qu’un moyen efficace de mobiliser et pas une fin en soi. Les présidents d’université ont déployé toute leur énergie à tenter de casser les blocages, en s’appuyant sur les antigrévistes les plus violents, des boites de sécurité privées et la police. Les grévistes ont tenu bon, mais les affrontements ont lieu dans les facs, occultant le rapport de forces aux yeux du grand public.

Dans certaines facs, les AG ont finalement décidé de ne bloquer que les jours de mobilisation ou de suspendre le blocage sans pour autant stopper le mouvement. Cela peut permettre de reprendre un travail de conviction et de faire revenir du monde dans les manifs et sur les actions. Cela peut aussi donner l’impression aux plus motivé-e-s de tout reprendre à zéro, et les décourager.

Que faire alors ?

  1. Mobiliser les lycéennes et les lycéens. Les projets de casse touchent également l’enseignement secondaire. Bon nombre de lycéennes et de lycéens iront à l’université et sont concernés par le dispositif de pré-sélection envisagé par la LRU. Les raisons sont nombreuses de se mobiliser et c’est sans doute pour ça qu’une centaine de lycées ont été bloqués ces dernières semaines.
  2. Mobiliser les personnels. Les IATOSS et les profs sont les premiers touchés par la LRU, qui prévoit de les soumettre à l’arbitraire de la présidence de l’université et de contractualiser une partie des statuts. Par ailleurs la recherche subit des attaques sans précédents, le gouvernement envisageant d’arrêter le financement par le CNRS d’un labo sur deux. Plusieurs AG importantes de personnel ont apportée leur soutien aux facs en lutte, appelant à faire grève ou condamnant la répression.
  3. Interpeller directement l’opinion publique. Pour l’instant une bonne partie des travailleuses et des travailleurs ne sait pas quelles sont les raisons de la mobilisation étudiante. Il faut donc s’adresser directement à elles et eux, en leur donnant des tracts ou en organisant des actions et des manifs dans les centres-villes.
Clash n°23 (décembre 2007)
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