Logements insalubres

Pour en finir avec l’apartheid social




Les dizaines de morts dans des incendies de logements insalubres ces derniers mois ont révélé l’ampleur et la cruauté des inégalités dont sont responsables les spéculateurs. D’un côté, des financiers qui échangent les immeubles comme au casino. De l’autre, des centaines de milliers de travailleur(se)s pauvres, dos au mur, contraint(e)s d’habiter dans des conditions scandaleuses.

Vingt-quatre morts le 15 avril 2005 dans l’incendie de l’hôtel Paris-Opéra ; 3 blessées grave rue de Pixérécourt le 1er mai ; dix-sept morts dans le XIIIe arrondissement de Paris le 26 août ; 7 morts dans le IIIe arrondissement le 30 août... Il aura fallu une série de drames pour que le pays ouvre les yeux sur la réalité du mal-logement dans les villes.

Oui l’augmentation des inégalités sociales et de la pauvreté rend dérisoires l’offre actuelle de logements sociaux. Oui, des centaines de milliers de travailleur(se)s sont étranglés entre bas salaires et cherté des loyers. Oui, pour des dizaines de milliers de personnes, se loger à proximité de son travail s’il est en centre-ville devient impossible. Environ 750 000 personnes vivent dans un habitat précaire, dans la rue, dans des meublés ou à l’hôtel, selon un rapport de la fondation Abbé Pierre en 2002.

Certaines familles nombreuses, comme celle du ministre Gaymard, ont droit à des traitements de faveur (600 m2 pour 14 000 euros par mois, aux frais de la collectivité). Mais quand il s’agit de loger des ouvriers, et a fortiori des ouvriers noirs, là les pouvoirs publics sont incompétents !

La « crise », quelle crise ?

On va invoquer la « crise du logement » comme s’il s’agissait d’une fatalité. Mais apparemment ce n’est pas la crise pour tout de monde. En 2004, l’Insee estimait à plus de 1,8 million le nombre de logements vacants en France, pour 2 millions de personnes mal-logées. A qui cela profite-t-il de laisser vides ces presque deux millions de logements ? À Paris comme dans toutes les capitales européennes, des spéculateurs achètent et vendent des milliers de mètres carrés comme au casino, faisant s’envoler les prix qui atteignent aujourd’hui un niveau historique dans tout le pays. Depuis 1997, quelque 30 000 logements parisiens sont ainsi passés entre les mains des fonds de pension. En 2003 le fonds de pension américain Westbrook a acquis cent immeubles, soit 4 000 logements, pour environ un milliard d’euros, et revend les appartements « à la découpe » pour des prix exorbitants pour les locataires, qui n’ont d’autre solution que de partir.

Qui peut répondre à cette détresse ?

Sarkozy ? La première chose que le premier flic de France ait trouvé à dire suite au drame du 26 août, a été de demander si tous les locataires étaient bien en règle ! Après l’incendie, c’est le Kärcher !

La mairie de Paris ? Obsédée pendant des mois par sa campagne de prestige pour les Jeux olympiques ? Un événement - heureusement évité - qui aurait causé une nouvelle envolée des prix et un « nettoyage social » des quartiers concernés... Aujourd’hui elle axe son discours sur la politique de long terme (la construction de logements sociaux, certes indispensable) mais très en deçà des besoins immédiats, et surtout en refusant d’aider les sinistrés sans-papiers.

Les grands propriétaires ? Le rôle des banques, assurances, sociétés immobilières et autres fonds de pensions, est de s’enrichir, pas de jouer les bonnes sœurs.

Non, seule la mobilisation et l’organisation des premier(e)s concerné(e)s : locataires, squatteurs, précaires, peut imposer une autre logique :
 faire prévaloir le droit au logement sur la grande propriété privée ;
 faire sortir le logement de la loi du marché ;

Le relogement c’est maintenant que c’est possible, c’est une urgence face aux politiques qui dans le meilleur des cas parlent de construction de logements forcément à long terme.

Chasser les accapareurs qui organisent la pénurie est la seule façon de modérer les prix et les loyers.

 Pas d’expulsion sans relogement valable ;
 Réquisition des logements vides ;
 Expropriation des immeubles vides appartenant à des grands propriétaires ;
 Multiplication du nombre de logements sociaux à loyers contrôlés ;
 Gel des loyers ;
 Gel du prix du foncier.

 
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