RTT gelée dans l’hôtellerie-restauration !




Flingué après onze mois d’existence par la droite, l’accord de réduction du temps de travail (RTT) dans les hôtels, cafés, restaurants (HCR) constituait une des rares avancées sociales significatives de la gauche libérale. Cet accord, étendu par le gouvernement au dernier moment dans un contexte électoral, mettait fin à 74 ans de dérogation au droit commun du travail dans ce secteur de 650.000 salarié(e)s.

L’accord de RTT dans les hôtels, cafés, restaurants permettait notamment la baisse progressive du travail de 43 heures à 35 heures (sans perte de salaire) et l’abolition totale des « heures d’équivalence ». Cela aurait dû permettre l’embauche de 40 000 à 60 000 personnes dans ce secteur en manque chronique de main-d’œuvre.

Si le secteur des HCR a profondément évolué ces 15 dernières années, avec le développement de la restauration « hors foyer » et l’augmentation des touristes (avec 75 millions de visiteurs l’an dernier la France est la première destination mondiale), la situation sociale des salarié(e)s, en revanche, est restée parmi la pire du salariat français : avec la palme d’or des smicards (40% des salariés), des conditions de travail souvent déplorables (dont des restes de discipline militaire), la banalité du travail dissimulé, des contrats de travail à durée déterminée atypiques (c’est-à-dire moins payés, comme les saisonniers), le sous effectif et le turn over quasi permanents, des horaires décalés et des plannings qui changent du jour au lendemain, une représentation du personnel quasi inexistante, on comprend avec tout cela que les jeunes soient rebutés (2 sur 3 quittent le métier avant 5 ans de pratique professionnelle). De fait, on bosse dans ce secteur faute de mieux et pour une période (étudiants), à moins d’y être coincé (mères célibataires, non-diplômés, personnes d’origine étrangère, sans-papiers).

Du rab pour les patrons poujadistes

Après les réductions de charges sur les bas salaires, l’exonération de charges sociales sur les avantages nourriture et avant la baisse programmée de la TVA, le patronat a de quoi se frotter les mains avec le gel pour deux ans (pour l’instant) de l’accord de RTT.

Encouragé financièrement par l’État, alors même qu’il est connu pour l’ampleur de ses fraudes fiscales et de cotisations sociales, ce patronat va jusqu’à demander en négociation de branche la mise en place d’une prévoyance contre une dérogation au travail de nuit.

Quand il s’agit de s’attirer les bonnes grâces du patronat, la droite n’hésite pas à revenir sur l’extension d’un accord de branche et à laisser dans la mouise la « France d’en bas ». Pourquoi la droite prendrait des gants, alors que sa remise en cause des 35 heures est passée comme une lettre à la poste et que de toute façon il y aura toujours des « syndicalistes » type confédération CFDT pour s’accrocher à la fumisterie du « dialogue social » ?

Pour l’heure, ce sont les salariés qui se retrouvent bloqués (selon l’effectif et la situation de la boîte) à 41 heures pour les plus nombreux, 39 heures ou 37 heures (pour la minorité) jusqu’en 2006 minimum.

La mayonnaise des luttes peut monter !

Pour bénéficier quand même des 35 heures là où il y a une présence syndicale (sans accord RTT), il faut voir les possibilités de changer de convention collective (cela dépend de la majorité du chiffre d’affaires réalisé, de plus en plus souvent en restauration rapide, qui a sa propre convention). Les équipes syndicales des grands groupes du secteur, en faisant toujours plus respecter les salarié(e)s et leurs droits, ont un rôle déterminant à jouer pour encourager les salariés des petites boîtes à lutter (ou à rejoindre les boîtes pourvues de plus de droits). Il y a un potentiel énorme de résistance, qui s’exprime aujourd’hui principalement de manière individuelle (absentéisme, démissions, reprise). L’enjeu pour demain c’est la mise en réseau des collectifs de lutte du secteur pour commencer, afin de pouvoir donner une dimension collective, fédératrice et offensive à ces multiples résistances sans perspectives.

Martial (AL Lyon)

 
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