Réchauffement : Changer de système, pas de climat




Les solutions proposées par les gouvernements pour lutter contre le réchauffement climatique sont des mécanismes tout à fait compatibles avec le capitalisme. Pourtant, un affrontement avec les possédants pour imposer d’autres modes de consommation et de production est inéluctable.

Fruit du travail des partis écologistes institutionnels au sein des États capitalistes, le protocole de Kyoto, de décembre 1997, qui prétend réduire les gaz à effet de serre, est basé sur deux types de mécanismes :

– Le marché des « permis négociables » d’émission de gaz à effet de serre est sensé faire évoluer les systèmes de production les plus polluants et les moins efficaces.

– Le « mécanisme de développement propre » et la « mise en œuvre conjointe » ont été créés afin de permettre aux occidentaux d’obtenir des crédits d’émission en investissant dans des projets de développement aux méthodes de production « propres » ou de stockage de carbone ou de réduction des émissions.

Les partis écologistes prônent en complément ces écotaxes qui prétendent créer un avantage compétitif en faveur des productions économes en CO2.

Proximité

Ces politiques constituent en fait des dispositifs acceptables pour les capitalistes et ont surtout créé de nouvelles opportunités de profits. Jamais elles n’ont fait évoluer les sociétés capitalistes vers une transformation sociale et écologiste. Le bilan de ces politiques écolo-libérales est sans appel : en 2010, l’ensemble des pays du monde ont relâché 50,1 gigatonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère, soit 20 % de plus qu’en 2000 [1]. La catastrophe climatique est toujours en marche.

« C’est une division par deux des émissions mondiales de gaz à effet de serre dans leur ensemble qu’il nous faut opérer à l’horizon de 2050 » [2]. Des mesures radicales doivent être prises :

– Réduire les transports internationaux de marchandises à la portion congrue et favoriser les productions locales, ce qui impose de rompre avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le fret doit privilégier le chemin de fer et les voies navigables au détriment de la route. L’avion doit être réservé aux déplacements internationaux lointains. Une politique volontariste de transports en commun, avec gratuité des transports collectifs, sera l’outil pour mettre fin au règne de la bagnole.

– Dans l’agriculture, la majorité des émissions de gaz à effet de serre est liée aux pesticides, aux engrais chimiques et aux élevages industriels. Une interdiction des pesticides et une politique de démembrement des exploitations agricoles démesurées et d’aides au développement de l’agriculture paysanne et biologique sont nécessaires.

– L’habitat « passif », à très faible consommation énergétique, sera généralisé progressivement.

– Concernant l’industrie, les pistes sont nombreuses : développement des énergies renouvelables, réglementation sur les rejets gazeux industriels, sur des processus industriels économes en énergie, sur la fabrication de produits de consommation durables qui mettront fin à l’obsolescence programmée. Il sera nécessaire de socialiser les entreprises pour fabriquer des produits répondant aux besoins des habitants et habitantes et pour supprimer les productions inutiles ou nuisibles.

Ces mesures sont un minimum pour commencer à inverser cette logique de destruction. Mais cela ne pourra pas se réaliser sans un affrontement avec les capitalistes.

Jacques Dubart (AL Agen)

[1La Croix du 21 novembre 2012.

[2Rapport de Pierre Radanne, disponible sur www.developpement-durable.gouv.fr

 
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