Retraites : Les différents système en lice




Le système par répartition :
le plus stable et solidaire

Le système de retraite par répartition, mis en place après 1945, est celui qui fonctionne aujourd’hui en France. Il est fondé sur une solidarité entre les générations : les actifs d’aujourd’hui payent les pensions des retraités d’aujourd’hui à travers leurs cotisations sociales et ce sont les actifs de demain qui financeront à leur tour les retraites des actifs d’aujourd’hui. Il y a un rapport entre la durée des cotisations, leur montant, et le montant des retraites versées ensuite. Les cotisations sociales qui financent les retraites constituent un prélèvement sur la richesse produite qui est ensuite redistribué. Mais ce système répercute sur les retraites de demain les inégalités de salaires d’aujourd’hui.

Le système
par capitalisation :
l’insécurité boursière

Dans ce système, le futur retraité est censé économiser aujourd’hui pour toucher une retraite demain. L’argent épargné est versé dans un « fonds de pension » confié à une banque ou à une société d’assurances qui l’utilise pour spéculer sur les marchés financiers en promettant à l’épargnant une rente au moment de la retraite. Mais la personne qui épargnerait en 2010 n’accumule qu’une possibilité de rente pour sa retraite en 2040. Sa retraite-rente dépendra en effet exclusivement de la rentabilité du capital mesurée en 2040. Dans cette conception, la redistribution des richesses n’existe plus puisque chacun est renvoyé à sa propre épargne, soumise aux aléas de la bourse. Le projet de fonds de pension « pour sauver les retraites » était encore proposé par le PS lors de la dernière présidentielle (interview de Ségolène Royal au Journal des finances du 24 mars 2007) et l’objectif était partagé par l’UMP et l’UDF (aujourd’hui Modem). Mais avec la crise financière de 2008, les épargnants américains ont vu jusqu’à 20% de leur placements partir en fumée, obérant d’autant leur future retraite.

Le système par points :
chacun pour soi

C’est un régime dans lequel chaque année, les cotisations du ou de la salariée sont converties en achat de « points ». Bien sûr, plus on a un gros salaire, plus on accumule de points. Au moment du départ en retraite, la ou le salarié fait le total de ses points, dont la valeur peut être indexée sur les prix ou sur les salaires et peu varier au cours de la vie du cotisant. Les salarié-e-s sont lésés par leurs périodes de chômage et si la valeur du point est revue à la baisse. Il s’agit d’une complète individualisation du système de retraite et la solidarité intergénérationnelle n’existe plus : chacun cotise pour lui-même. Ce système par points est déjà utilisé pour les complémentaires retraites Agirc et Arrco, et la valeur du point fait l’objet de renégociations régulières entre les « partenaires sociaux ». Si le système par points devenait la norme, il n’y aurait plus de retraite mininum.

Le système par comptes
notionnels :
un mécanisme aveugle

Dans ce régime, existant par exemple en Suède, chaque assuré est titulaire d’un compte d’épargne virtuel auquel il cotise chaque année. Le capital accumulé est virtuel, car le régime fonctionne en fait par répartition : les cotisations collectées financent les retraites de l’année courante. Le compte ne sert que d’intermédiaire de calcul. Le capital virtuel est revalorisé chaque année selon un indice, fixé par les responsables du régime. La pension versée sera proportionnelle au capital virtuel accumulé, modifié en fonction de l’âge effectif de départ en retraite et de l’espérance de vie à ce moment-là, c’est-à-dire du nombre moyen d’années restant à vivre au nouveau pensionné. La notion de répartition est complètement vidée de son contenu car ce système est foncièrement individualisé. De même, ce régime a « l’avantage » de dépolitiser le débat sur le montant des retraites. En effet, en introduisant un mécanisme d’ajustement automatique en fonction de l’espérance de vie, on s’exonère une fois pour toutes de futurs débats sur le montant des pensions... et on abolit le principe d’une retraite minimale !

Sylvain (AL Marseille)

 
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