SOYONS INFLEXIBLES




Après le succès énorme de la grève générale du 13 mai, qui a vu de nombreux travailleur(se)s du privé se joindre aux défilés, c’était une faute grave de ne pas reconduire la grève dès le 14 mai. De même l’énorme manifestation du 25 mai a démontré que la combativité des travailleur(se)s n’était pas retombée. Que faire à présent pour gagner face à Raffarin ?

1. Restons soucieux de l’unité

Chaque profession, chaque établissement, chaque organisation syndicale n’a pas forcément les mêmes rythmes de mobilisation ou les mêmes stratégies. Evitons d’en faire matière à discorde dans les assemblées générales et les coordinations de grévistes. L’unité public-privé, étudiants-salariés, l’unité syndicale à la base, peut et doit se faire : construisons la grève générale interprofessionnelle, avec les syndicalistes qui luttent pour, malgré les bureaucrates qui la combattent.

2. Ne renonçons pas à la radicalité

Face aux attaques simultanées du gouvernement contre les retraites, l’assurance maladie, les chômeurs (avec le RMA, revenu minimum d’activité), l’Education nationale (avec la réforme Ferry des universités et la décentralisation), la seule réponse à la hauteur des enjeux, c’est la grève générale reconductible. Une occasion a été ratée après le 13 mai, ce n’est pas pour autant qu’il faut renoncer à cet objectif primordial.

3. Ne mythifions pas Décembre 95

Beaucoup de collègues, dans le privé comme dans le public, « attendent » que les cheminots se mettent en mouvement. Il faut en finir avec le mythe rassurant de la « grève par procuration » : personne ne se battra à la place de personne. C’est sur les épaules de chacun, dans sa boîte, son syndicat, son établissement, que repose la responsabilité des débrayages et du succès d’une grève générale public-privé.

4. Construisons la démocratie dans le mouvement

Le système politique actuel ne nous habitue pas à ce qu’est la démocratie réelle, celle des assemblées générales. Certains groupes politiques en abusent, s’essaient à la manipulation. Cela ne doit pas nous décourager, mais nous inciter à être fermes sur les principes démocratiques : loyauté des personnes mandatées, transparence sur qui parle au nom de qui, etc.

5. N’attendons rien des partis de gauche

Si les dirigeants de la CGT, par exemple, ont peur du mouvement et voudraient le freiner, c’est parce qu’ils sont obsédés par le « débouché politique » institutionnel, qui sera nécessairement pour eux un nouveau (!) gouvernement PS-PCF-Verts. Pourtant la casse des retraites aujourd’hui découle directement du « programme commun » cosigné par Jospin et Chirac au Conseil européen de Barcelone en mars 2002 ! Il est dangereux d’entretenir des illusions sur la possibilité de « gouverner » le capitalisme « autrement ». Les innombrables expériences lamentables prouvent largement le contraire : de Mitterrand à Lula, le président du Brésil qui entreprend actuellement une réforme des retraites comparable à celle de Raffarin !

Si on perd cette bataille cependant, on peut s’attendre à une profonde démoralisation chez les salariés, et ce n’est pas le PS, clone rosâtre de l’UMP, qui en profitera. Le milliardaire ultralibéral Le Pen, muet pour l’heure, prospérera sur la défaite de la solidarité.

6. Opposons un projet de société alternatif

Notre seule alternative, c’est de construire un mouvement offensif qui se batte dans une logique de redistribution des richesses et de remise en cause du pouvoir. Le pays est suffisamment riche pour financer la retraite de tout le monde à 55 ans à 1500 euros mensuels : il n’y a pas de problème de la production de richesse, il y a un problème d’accaparement de la richesse par une classe sociale parasitaire, et c’est bien la remise en cause de ses privilèges et de son pouvoir que l’on doit articuler à nos revendications.

Dans les grèves d’aujourd’hui, une autre société peut se dessiner, et on ne veut pas d’un nouveau 1981 ou d’un nouveau 1997.

 
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