Sécu : Notre santé les intéresse...




Des mesures extrêmement graves concernant l’assurance-maladie et touchant les plus démuni(e)s viennent d’être votées au Parlement dans un contexte d’attaques majeures visant tout le système de protection sociale. Autant que sur les retraites, une mobilisation de masse devient urgente sur ces questions.

En novembre-décembre 95, les opposantes et opposants au Plan Juppé, tout en en demandant le retrait, avaient concentré l’essentiel de leurs critiques sur le volet retraite, alors que le volet assurance-maladie était lourd de danger contre notre système de santé...

Retraites et services publics polarisent beaucoup l’attention des militantes et des militants et ce d’autant plus que des décisions sur leur liquidation annoncée par la droite et le Medef sont en instance.

En revanche, il est bien rare, à commencer par ces colonnes mêmes, d’évoquer les problèmes de santé et de couverture maladie. Nous avons d’autant plus conscience de cette carence que les personnels de santé doivent faire face à un univers de plus en plus dégradé et que patrons et technocrates travaillent en ce moment-même à des projets très concrets de démantèlement du système de santé français par le biais des lois de finances, de la future loi de décentralisation, du lobby des assurances privées et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le gouvernement Raffarin n’est pas en reste. Pour 2003, il s’est fixé deux objectifs : tenter de liquider le système de retraite ou tout du moins de l’affaiblir au profit du patronat au cours du premier semestre 2003 ; puis s’attaquer à l’assurance-maladie au second semestre 2003.

Les attaques sont portées dans plusieurs directions. Pour ce qui est de l’assurance-maladie, les plus violentes d’entre elles touchent d’abord... les sans-papiers, exclus par le gouvernement Jospin de la couverture maladie universelle (CMU) et qui se voient délibérément exclu(e)s de la gratuité des soins par la loi de financement de la Sécu pour 2003 du gouvernement Raffarin. Cette loi votée par la majorité UMP en décembre dernier prévoit de leur faire payer le ticket modérateur pour ce même accès aux soins.

Cette mesure a donné lieu à de vives protestations de nombreuses associations (voir encadré page 9).
Après avoir fait la peau aux sans-papiers sur leur droit à la santé, la majorité parlementaire de droite s’en prend à l’ensemble des pauvres bénéficiant de la CMU en instaurant un délai de carence d’un mois !
Alors que cette CMU bénéficiait aux intéressé(e) dès la constitution de leur dossier, elles/ils devront attendre un mois pour se soigner ou s’endetter un peu plus afin d’accéder aux soins !

Mort aux pauvres !

Sous prétexte de vouloir faire des économies comptables sur le dos des plus faibles, la droite fait le choix délibéré de torpiller du même coup les politiques de santé publique en affaiblissant la médecine préventive et la médecine de ville plus généralement.
Alors qu’à Paris le nombre de cas de tuberculose a augmenté ces dernières années, on mesure à quel point des maladies bénignes seront aggravées grâce à une telle politique.

En ne se soignant pas faute de moyens plusieurs patients vont voir leur santé se dégrader et il sera difficile voire impossible pour les services coordonnant la lutte contre les épidémies d’agir aussi efficacement qu’ils le font actuellement. Cette politique ultralibérale constitue donc un grand danger pour la santé publique en France.

Les exemples des États-Unis et de la Grande-Bretagne parlent d’eux-mêmes avec notamment une augmentation du taux de mortalité chez les personnes âgées et chez les plus pauvres. On s’attaque aux plus vulnérables pour pouvoir remettre en cause dans un deuxième temps l’ensemble de l’édifice. Par ailleurs, le regroupement des centres de paiement de Sécu pénalise les salarié(e)s en cela qu’il remet en cause un service social de proximité.

Enfin les mutuelles, ce n’est pas nouveau, voient de plus en plus reculer leur caractère social et sont atteintes dans leur capacité financière du fait de la multiplication des déremboursements de médicaments et de la pression qu’exerce sur elles le patronat des assurances.

À cela il faut ajouter le projet de privatisation de la Sécu dans les cartons du Medef et les ballons-sondes (méthode bien éprouvée dans le domaine des retraites et des services publics) de la droite au pouvoir visant à limiter la prise en charge aux seules maladies graves et à en exclure le reste des soins, ce qui signifierait la fin de la Sécurité sociale.

Décidément, notre santé est une chose trop importante pour la laisser entre les mains de ces assassins en puissance que sont les capitalistes.

Commission journal


<titre|titre=CMU : De Jospin à Raffarin>

Dans le dispositif précédent, avant 99, qui fonctionnait très mal, l’aide médicale prenait en charge : les sans-papiers, les autres non-assurés sociaux, et le ticket modérateur des assurés sociaux dont les ressources étaient en-dessous d’un plafond. De ce fait, cette loi a pu être bien accueillie, avec des critiques et des nuances, certes, mais peu de contestation radicale, car elle se voulait une couverture universelle, et promettait de simplifier et d’élargir l’accès à une couverture sociale, pour les très nombreuses personnes, françaises ou étrangères qui se trouvaient privées d’accès aux soins, du fait de leurs ressources, ou de leurs situations vis-à-vis du séjour. Les associations de soutien aux étrangers ont été pratiquement les seules à se positionner de façon critique, et à présenter des contre-propositions, sur l’ensemble du projet et sur le dispositif CMU proprement dit (français et étrangers en séjour dit régulier). La bataille a été perdue, en raison notamment de la division du camp des associations, de l’absence, évidemment, de positionnement critique dans la gauche, et de la discrétion des syndicats.

 
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