Société des jeux : Antivirus collectif




La période hivernale est synonyme de maladies. C’est sans doute ce qui poussa en 2008 Matt Leacock, profitant également du « succès médiatique » de la grippe aviaire, à proposer à l’éditeur canadien Filosophia son concept de jeu coopératif (dans lequel les joueurs jouent tous ensemble contre le jeu). Les récentes épidémies mondiales ont posé la question des moyens nécessaires pour faire face à une propagation virale qui par nature demeure insaisissable pour les habitantes et les habitants.

C’est donc dans la peau d’un membre d’une équipe scientifique que le joueur se retrouve. Son objectif : parvenir à éradiquer un déclenchement simultané de quatre épidémies sur Terre. Il/elle dispose de capacités spécifiques pour avancer dans le jeu mais ses compétences et ses ressources propres sont très limitées. L’issue favorable dépend donc de la coordination avec ses partenaires. Détail intéressant, le jeu gère de manière aléatoire la propagation des maladies. On observe donc les maladies progresser d’abord de manière très locale, puis exploser en multiples foyers secondaires. Cet aspect du jeu, extrêmement visuel, est très bien rendu et permet de faire monter la tension à son comble. Il s’agit alors de coordonner des efforts qui semble vains tant la tâche parait grande, mais qui s’avèreront cruciaux par la suite. Charme des jeux coopératifs oblige, toutes les actions sont décidées de manière collective. Le groupe porte donc collectivement la responsabilité de l’échec ou de la réussite dans sa mission d’éradication des bacilles et autres virus.

Excellente entrée en matière de jeu coopératif, « Pandémie » se révèle accessible tout en fonctionnant de manière assez subtile. Assez optimiste dans l’intention – la coopération internationale s’y déroulant sans presque aucun accroc – le message qu’il délivre sur les crises faisant fi des frontières nous éclaire au contraire sur le chemin qui reste à parcourir en matière de coopération sanitaire.

Nico Gallaud (AL Paris Nord-Est)

Matt Leacock, Pandémie, édition Filosophia, 2008, 35 euros

 
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