Synthèse n°2 (20 mars 2016)

Après le succès très encourageant du 9 mars




La mobilisation du 9 mars dernier pour le retrait de la loi « travail » a été un succès avec 500.000 manifestant-e-s, dont 100.000 étudiant-e-s et lycéen-ne-s en France.

80 lycées ont été bloqués. Les chiffres de grève sont entre 5 et 10% dans la Fonction publique, ce qui est plus qu’honorable compte tenu de la rapidité avec laquelle cette mobilisation a émergé. Mais la bonne surprise vient du privé : dans chaque ville plusieurs entreprises de production ont débrayé et participé aux mobilisations.

A la SNCF, un cheminot sur deux a fait grève, avec là aussi des cortèges fournis en manifestation.

A l’inverse, la mobilisation de la CFDT, l’Unsa, la CGC, la CFTC et la Fage, favorables à de simples aménagements de la loi, le samedi 12 mars a été pathétique avec quelques dizaines ou centaines de personnes dans chaque ville.

Cette première journée de mobilisation a contraint le gouvernement à céder sur quelques-unes des dispositions les plus caricaturales du projet de loi, afin de se mettre la CFDT dans la poche. C’est chose faite concernant la CFDT, qui considère que le nouveau projet de loi est acceptable mais se dit malgré tout mobilisée jusqu’à la fin du débat parlementaire pour ne pas être complètement à contre courant. L’Unsa et la CGC attendent de voir le texte complet pour se prononcer mais sont a priori également satisfaites.

Ces soutiens au gouvernement ne sont pas sans provoquer des remous en interne. La CFDT France Télévisions, Symetal ou encore l’UL-CFDT de Montpellier ont ainsi appelé à se joindre aux mobilisations du 9 mars pour le retrait du texte, valant à cette dernière une suspension par l’union régionale. Coté Unsa et CGC, des militants sont parmi les initiateurs de la pétition pour le retrait de la loi "travail". Des syndicats CFDT et Unsa appellent par ailleurs à la grève le 31, aux côtés de Solidaires, FO ou la CGT, sur des revendications catégorielles, comme à la Culture.

Mais le fond du projet de loi reste inchangé et l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL appelle toujours à la mobilisation pour le retrait du projet de loi. Nous renvoyons par exemple à l’analyse détaillée de l’UGICT-CGT ou l’actualisation de la pétition « Loi travail, non merci » pour comprendre les modifications de la loi.

La mobilisation du 17 mars, essentiellement à l’initiative des organisations de jeunesse et soutenue par les salarié-e-s, a été un nouveau succès. L’Unef revendique ainsi 150.000 jeunes en manifestation et l’UNL et la Fidl parlent de 200 lycées bloqués.

La mobilisation progresse donc, doucement mais sûrement, dans la jeunesse, comme en témoigne le recensement des facs en lutte effectué par Solidaires étudiant-e-s. Des délégations de salarié-e-s, essentiellement des militant-e-s syndicaux, étaient présentes à ces manifestations.

Cette journée de mobilisation a été marquée par une forte répression. Elle a ainsi commencé par la fermeture administrative (lock out) de Paris 1 Tolbiac, Lyon 2 et la Victoire à Bordeaux, afin d’empêcher les étudiants de se réunir. Les CRS ont attisé les tensions à Nation afin de pouvoir charger. La police est intervenue très violemment sur les campus de Lyon 2, Paris 1, Rouen, a formé un cordon devant l’université de droit de Strasbourg et a évacué la gare de Rennes bloquée par des centaines d’étudiant-e-s. Rappelons que la police ne peut intervenir sur les campus que sur décision des recteurs et que de telles interventions restent du coup exceptionnelles. Lors de la lutte contre le CPE, le recteur n’avait autorisé les CRS à intervenir dans les locaux de la Sorbonne qu’après trois jours d’occupation. Une telle multiplication d’interventions est donc révélatrice du climat sécuritaire général, les présidents d’université se cachant derrière l’état d’urgence pour justifier la répression de la mobilisation et s’engager dans une stratégie de la tension afin de dissuader les étudiant-e-s de rentrer dans l’action.

Une nouvelle journée de mobilisation est en préparation pour le 24 mars, jour de présentation du « nouveau » projet de loi en Conseil des ministres. Les manifestations sont prévues sur la pause méridienne (voir par exemple à Paris), donc plutôt sans appel à la grève des salarié-e-s. Des appels à la grève sont néanmoins prévus aux Douanes et à la Poste (à partir du 23).

Côté Fonction publique, le gouvernement fait tout pour éviter la convergence public-privé, avec l’aide de la CFDT. Il vient ainsi d’annoncer un dégel de 1,2% des salaires (la moitié maintenant, l’autre moitié dans un an). L’unité syndicale pour une grève le 22 a finalement volé en éclat. La Cfdt et l’Unsa envisagent de maintenir l’appel à la grève pour avoir 1,2% tout de suite, afin de pouvoir s’attribuer les lauriers de cette aumône. Les structures CGT et Solidaires sont assez divisées mais ont majoritairement préféré privilégier la date de grève public-privé du 31 mars.

Le journal Fakir a lancé un appel « Le 31 mars on ne rentre pas chez nous », qui commence à faire son chemin. Les Goodyear appellent quand à eux à une montée nationale à Paris le 31. Même si toutes les initiatives sont bonnes à prendre et même si une manifestation nationale peut permettre de faire monter la mobilisation d’un cran, lancer la machine dès le 31 mars peut sembler un peu précipité. Signalons également ici la sortie du film Comme des lions, sur la lutte des PSA, le 23 mars.

L’enjeu est désormais de réussir la grève du 31 mars.

  • Côté étudiant-e-s, il y a un enjeu à faire grossir les Assemblées générales, qui restent encore faibles à part dans quelques facs, afin de pouvoir multiplier les grèves (blocages de bâtiments ou de l’université) et reconduire.
  • Côté salarié-e-s, il faut mener le travail de conviction pour que la grève soit la plus massive possible, là encore afin de se donner la possibilité de rebondir rapidement derrière et d’accélérer. Le secteur public doit être présent aux côtés du secteur privé, à la fois sur ses revendications propres et pour le retrait de la loi Travail.
 
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