Suicides en prison : Le système carcéral en accusation




Un détenu âgé de 52 ans s’est pendu dans la nuit du 21 au 22 octobre à la maison d’arrêt de Loos (Nord), portant à 91 le nombre de suicides en prison depuis le début de l’année. C’est sept fois plus qu’à l’extérieur. Le 14 octobre, c’était un adolescent de la maison d’arrêt de l’Elsau, à Strasbourg. Un homme de 31 ans et une femme de 29 ans ont tenté de se suicider à la maison d’arrêt de Mulhouse, lundi 13 octobre. Le 6 octobre, c’était à la maison d’arrêt de Metz-Queuleu qu’un autre adolescent de 16 ans avait mis fin à ses jours. Et, dans la nuit du 16 au 17 octobre, c’est encore un détenu de l’Elsau, qui s’est suicidé ! Cela s’arrêtera-t-il ? Il est temps de s’interroger sur les raisons de cette vague de tentatives de suicide en prison.

Malheureusement, l’administration pénitentiaire et certains syndicats de surveillants se contentent de mettre en cause un « chantage au suicide », sans se demander pourquoi le fait de jouer avec sa vie devient le seul mode d’expression « efficace » en détention.

Comment ne pas reconnaître la détresse réelle d’hommes et de femmes, parfois très jeunes, incarcéré-e-s dans des prisons françaises maintes fois reconnues « irrespectueuses de la dignité humaine » ?
Comment ne pas mettre en rapport cette vague de tentative de suicide avec ces chiffres terrifiants : 64 250 détenus en juillet dernier pour 50 800 places, soit 26 % de surpopulation carcérale.

C’est bien ce « modèle » pénal qu’il faut remettre en cause, avec sa logique qui ne vise qu’à écarter de la société des personnes jugées dangereuses, sans rechercher les causes de la criminalité, sans offrir de perspectives de réinsertion, de but, à des gens qui sont le plus souvent déjà en difficultés dans la société. La nouvelle mesure de « rétention de sûreté » de Sarkozy-Dati accentue encore cette situation, en se permettant de réincarcérer des gens ayant déjà purgé leurs peines. Comment dans ces conditions, envisager de se reconstruire, de préparer une nouvelle vie après la prison ?

AL Alsace


<titre|titre=Rouillan n’a fait que s’exprimer en révolutionnaire>

Suite à une interview dans L’Express, Jean-Marc Rouillan, ancien membre du groupe armé Action directe, s’est vu privé du régime de semi-liberté dont il « bénéficiait » depuis dix mois dans l’attente d’une libération conditionnelle. Cette décision à l’encontre d’un homme qui a purgé vingt ans de prison et refuse de renier son passé relève de la vengeance d’État. Il s’agit bien d’un acharnement judiciaire car les propos de Jean-Marc Rouillan étaient l’expression d’un point de vue politique, et d’un simple constat de bon sens. En déclarant à L’Express « la lutte armée à un moment du processus révolutionnaire est nécessaire », il n’a fait que s’exprimer en révolutionnaire conséquent, en des termes qu’aucun historien ou géopoliticien lucide n’aurait démentis. La tentative de lutte armée pratiquée par Action directe au début des années 1980 a toujours parue à notre courant politique en décalage avec son époque, où le reflux des luttes de masse n’offrait pas d’espace à une telle radicalité minoritaire. Mais AL a, dès le début, dénoncé l’acharnement carcéral contre les anciennes et les anciens militants d’Action directe et demandé leur libération.

Guillaume Davranche (AL Paris-Sud)

 
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