Universités : Les étudiants ont des idées, et ça déplaît




À la fin de la grève contre la LRU, les étudiantes et les étudiants de Paris-I ont monté une bibliothèque alternative. La présidence ne l’entend pas ainsi : une fois de plus, elle s’attaque aux syndicalistes.

La bibliothèque créée au centre Pierre-Mendès-France (Tolbiac) en 2007 repose sur un principe simple : mettre la culture à portée de tous, sans contrôle idéologique ou moral, et de manière autogérée. L’emprunt, comme la gestion de la bibliothèque, sont ainsi ouverts à toute personne ayant donné un ouvrage. Ce sont plus de 500 livres, revues et DVD qui trônent désormais dans le local.

En plus de lire, partager, diffuser, les étudiants qui animent la bibliothèque alternative, membres de la CNT, SUD-Étudiant, ou non organisés, ont l’audace d’être à l’initiative d’évènements dans la fac : journée de solidarité avec les inculpés du CRA de Vincennes, débat sur le système carcéral, semaine anticoloniale, etc..

Mais à Paris-I comme ailleurs, la LRU procure des rêves de grandeur au président. La concurrence bat son plein. Or, le centre de Tolbiac fait tache. Qu’à cela ne tienne : le grand ménage s’opère. Les agents de sécurité arrachent les affiches, on restreint l’accès aux salles et, surtout, les locaux doivent être réattribués, et d’abord vidés pour y effectuer des travaux. Sans garantie de les récupérer. C’est particulièrement inquiétant pour la bibliothèque hébergée par la CNT, et pour les autres organisations

Entre les restrictions des libertés syndicales, la dégradation des conditions d’études et les divers problèmes locaux dont les syndicats voulaient discuter, une rencontre n’était pas superflue.

Six personnes convoquées au commissariat

Faute d’avoir obtenu une réponse à leurs demandes par courrier, décision fut prise d’aller trouver la directrice administrative du centre de Tolbiac. Une trentaine d’étudiants s’est donc rendue dans son bureau, pratiquant ni plus ni moins que la délégation massive, fondement du syndicalisme. Un peu plus d’une heure plus tard, le président avait d’ailleurs fini par accorder un rendez-vous.

Quelle ne fut donc pas la surprise de six étudiants, lorsqu’ils furent convoqués au commissariat le 1er avril. Tous appartenaient aux syndicats SUD, CNT, FSE, et furent placés en garde à vue pour... séquestration. Pourtant, lors de la rencontre avec la directrice, celle-ci circulait librement. La porte était ouverte, elle téléphonait et personne n’a menacé de la retenir. Peu importe, elle a déposé une plainte contre X et une autre, nominale, contre les responsables des syndicats. La mobilisation s’est immédiatement enclenchée. Un débrayage d’une heure a eu lieu le jour même, suivi de plusieurs AG, et d’une pétition massivement signée. Mais la présidence refuse de retirer la plainte. Cela fait écho aux difficultés rencontrées dans d’autres université. Mais pas question de se laisser museler. C’est sur tous les campus qu’il faut développer des alternatives. Pour une université critique et émancipatrice !

Aurélien (AL Paris Sud)

 
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