Communiqué UCL

Lutte contre l’antisémitisme : les tentatives dangereuses de réappropriation par l’extrême droite




Depuis le 7 octobre 2023, on a recensé en France plus d’un millier d’actes antisémites. Ces actes, qu’ils s’agissent de dégradations matérielles, d’insultes, de menaces ou même d’agressions sont intolérables et injustifiables. Cependant, il ne faut pas céder aux tentatives d’usurpation opportunistes et dangereuses par l’extrême-droite française ou ses soutiens au gouvernement.

La manifestation contre l’antisémitisme, lancée par le parti au pouvoir et rejointe par l’extrême-droite le dimanche 12 novembre, a représenté une tentative d’usurpation opportuniste et dangereuse de l’antiracisme. Nous refusons que notre lutte serve à réhabiliter l’extrême droite française et nous refusons de hiérarchiser les victimes de discrimination entre elles.

L’antisémitisme est un racisme aux racines chrétiennes, répandu bien au-delà du cliché d’une haine cantonnée aux quartiers populaires et d’immigration. Les actes récents ne surgissent pas de nulle part, les discours complotistes ont explosé ces dernières années avec la pandémie du Covid-19 et ont été moqués sans être pris au sérieux dans leurs représentations antisémites.

Ces discours, qu’ils viennent de l’extrême droite traditionnelle ou de la sphère médiatico-politique incarnée par Dieudonné et Soral, présentent les Juifves comme une « communauté organisée » agissant dans la finance et le secret pour contrôler le monde. A l’occasion de l’indignation provoquée par les massacres à Gaza, ce complotisme est réactivé également par opportunisme par des courants religieux fascistes. D’où que viennent ces représentations, il ne faut pas laisser ces faussaires se revendiquer comme alliées de la cause palestinienne.

L’antisémitisme est l’ennemi de la cause palestinienne

L’antisémitisme est à combattre sans relâche et sans complaisance dans notre camp social. Ceux et celles qui croiraient, qu’approuver, répandre ou encore se taire face à des paroles ou des actes antisémites servirait la lutte palestinienne sont finalement les alliées objectifves du sionisme. Aujourd’hui tout comme hier : plus l’antisémitisme monte, plus nos camarades Juifs et Juives se sentent isolées et discriminées, plus la tentation de se rallier à la vision ethno-nationaliste et colonialiste d’Israël sera forte.

Les Juifves sont assignées à soutenir sans réserve une politique israélienne criminelle et colonisatrice contre le peuple palestinien, dangereuse pour tous et toutes. Nous réaffirmons que l’antisionisme est un combat contre le système colonial et raciste qui nie les droits du peuple palestinien, qui ne vise pas à « jeter les juifves à la mer », mais à défendre un pays unique, démocratique et laïque pour tous et toute ses habitants.

Antisémitisme, islamophobie… : combattre l’ensemble du système raciste

La lutte contre le racisme ne peut pas être découpée. Choisir certaines « bonnes » victimes contre d’autres est à l’antithèse du combat antiraciste. Parallèlement aux actes antisémites, aucun recensement des actes islamophobes n’a bénéficié d’un large relais médiatique. Pourtant ces actes se sont multipliés : depuis les insultes aux personnes portant un keffieh ou un voile, à l’agression d’un ressortissant tunisien et jusqu’aux intimidations policières pour une enseigne de kebab en panne. L’antiracisme doit être un combat global contre toutes les discriminations. Le « deux-poids deux-mesures » est un poison pour la lutte contre l’antisémitisme et le racisme ; les groupes minorisés ne peuvent s’émanciper que tous ensemble ou perdre tous ensemble.

Pour un antiracisme populaire, autonome et antifasciste

L’UCL n’a pas participé à la manifestation imposée par le pouvoir le dimanche 12 novembre : celle-ci n’était qu’une opération politique d’injonction à soutenir Israël au nom du combat contre l’antisémitisme. Scène absurde que de voir manifester ensemble, au nom de l’antiracisme, des macronistes qui réhabilitent Pétain, avec un ministre comme Darmanin issu de l’Action française, aux côtés des révisionnistes de Reconquête ou du Rassemblement national. Nous refusons de défiler contre la haine antisémite au côté des pourvoyeurses de haine islamophobe, au côté d’un gouvernement passant des lois xénophobes !

A l’opposée de cette entreprise de récupération politique, l’Union communiste libertaire continuera à investir et construire des cadres de lutte contre l’antisémitisme. Nous resterons mobilisées aux côtés des collectifs de luttes antiracistes et au sein de nos syndicats, pour participer à y construire et y renforcer une conscience et une culture politique antiraciste sans concession.

Union communiste libertaire, le 18 novembre 2023

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