Ecologie

Zéro articialisation nette : Wauquiez et le fantasme rural




Samedi 30 septembre, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) a annoncé qu’il se retirait du « dispositif » Zéro Artificialisation Nette (ZAN) le qualifiant de « ruralicide ». Au-delà de l’effet d’annonce, c’est un mythe du développement rural qu’il faut examiner.

Le ZAN est inscrit dans la loi climat de 2021 issus de la Convention Citoyenne pour le Climat ou de moins ce que le pouvoir a bien voulu en laisser. Elle est censée amener les collectivités territoriales à ralentir l’artificialisation des sols jusqu’en 2050. Premièrement, le ZAN n’est donc pas un « dispositif » dont une région peut se retirer, c’est une loi. Wauquiez nous a fait de la com et ça marche.

Les réactions du pouvoir qui crient au « populisme » sont déjà plus intéressantes. En effet, Wauquiez s’est fait ovationné après son discours devant l’Assemblée des maires ruraux de France. Les macronistes et le président de la région AURA font donc le même amalgame entre une institution de notables ruraux conservateurs et l’ensemble des habitantes des campagnes puisqu’il n’y a de « ruralicide » par ZAN que dans la tête de notre bourgeoisie. C’est une tactique politique de la droite qui oppose un « vrai » peuple uniforme de la campagne contre l’écologie.

Concrètement que bloque le ZAN ? Moins que prévu, le Sénat a récemment rendu la loi plus permissive. Les artificialisations sont encore permises, juste moins vite qu’avant. Les types d’aménagements qui sont limités par cette loi sont essentiellement les zones d’activités et les nouveaux lotissements.

Les zones d’activités situées hors des centre-bourgs sont le lieu d’implantation privilégié de grande surfaces commerciales et d’entrepôts. Par la concurrence qu’elles imposent, elles tuent les petits commerces et artisans Les anciens lieux de convivialités sont alors délaissés pour des parkings géants. Les activités de ces zones sont celles de bourgeoisie locale ou extérieure qui ne se privera pas ensuite de faire du chantage à l’emploi pour obtenir divers avantages.

La stupidité réactionnaire de la droite

Les lotissements sont une autre source de tension. Le modèle pavillonnaire n’est pas une partie intégrante d’une identité rurale immuable, il est au contraire la manifestation d’une tendance à appliquer le modèle métropolitain de zones périurbaines aux campagnes. Les zones rurales qui ne bénéficient pas de l’attractivité des montagnes ou de la mer ont d’ailleurs un problème pour remplir des habitations ou nouveaux lotissements existants. Cette obsession de l’accès à la petite propriété est d’ailleurs une menace directe contre l’agriculture.

La bêtise des élus conservateurs ne doit pas nous empêcher de dénoncer l’hypocrisie gouvernementale. Les nombreux logements ruraux vacants ou insalubres pourraient être tout à fait rénovés si les moyens y étaient mis mais l’État agit par appels à projets et mise en concurrence entre territoires où les moyens humains sont faibles. L’extension urbaine et l’artificialisation, moins chères, deviennent pour beaucoup de collectivités une rare manne économique. Pire encore, l’État ferme en cascade des services publics essentiels comme les hôpitaux et les lieux d’étude. L’accès à un logement digne, aux services publics et à une agriculture durable et juste sont les besoins urgents dont dépendent les habitantes des campagnes. Mais pour y répondre, nous ne pourrons pas compter sur des élus qui représentent avant tout les intérêts de leur classe qu’ils soient ruraux ou citadins.

Corentin (UCL Kreiz-Breizh)

 
☰ Accès rapide
Retour en haut