Le travail tue




Un tueur en série massacre 22 personnes en moins de 20 mois et une 23è échappe hier de peu à la mort. L’omniprésident gonfle-t-il les pectoraux en promettant une lutte sans merci ? Annonce-t-il à grand renfort de communication une nouvelle loi pour mettre fin à cette barbarie ? Mobilise-t-il toutes les forces de police ? Pas le moins du monde. Pas un mot. Il roupille.

Pire. Ce n’est pas un tueur isolé, mais toute une bande organisée, qui
agit sciemment. L’antiterrorisme est-il mobilisé ? Des descentes
sont-elles organisées un peu partout pour faire croire qu’on agit ? La
préventive s’abat-elle sur les suspects comme elle peut le faire sur un
simple épicier de Tarnac ? Pas du tout. Surtout, pas de vague.

Encore pire. Les coupables sont déjà connus, clairement identifiés. Leur
liste est publique. Entre eux, ils s’appellent France Telecom Executive
Management Team
(ça fait plus « classe » en Anglais). Ce nouveau gang des barbares, par le harcèlement, la torture psychologique, le terrorisme
social, a poussé 22 personnes au suicide depuis février 2008. On a connu
le pouvoir beaucoup plus virulent pour des crimes beaucoup moins avérés
(voire carrément imaginaires). Y aurait-il un lien avec le fait que
Nicolas Sarkozy était ministre de l’Economie, des Finances et de
l’Industrie en février 2005 lorsque le PDG actuel de France Telecom,
Didier Lombard, a pris ses fonctions ? L’Etat étant toujours actionnaire
de France Telecom à hauteur de 23,44%, Sarkozy a forcément eu son mot à dire dans la nomination de cet Attila social dont les méthodes de
management sont meurtrières.

Malheureusement, France Telecom n’est pas, loin s’en faut, un cas isolé
de massacreurs en série. On se rappelle que le Technocentre de Renault
est également coutumier des suicides de ses salariés sur leur lieu de
travail. A cela, il faut ajouter les 703976 accidents du travail avec
arrêt de travail en 2008, dont 569 décès [1]. 569 décès directement dus au travail, plus tous les
morts pour lesquels le lien est nié par la justice ou l’administration,
alors qu’il saute aux yeux. Oui, le travail tue, le travail est une arme
de destruction massive.

Comment en sortir ? En supprimant la raison même de la pression
insupportable exercée sur les salariés et salariées : l’avidité des
actionnaires qui exigent une rémunération toujours plus élevée, payée au
prix du sang des travailleurs et des travailleuses. Ca veut dire rompre
avec le capitalisme. C’est notre combat.

Scapin (AL 93)

[1Source : Caisse Nationale
d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés, Direction des Risques
Professionnels

 
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