Antiracisme

Refugees welcome : La solidarité n’est pas un délit




Alors que la loi Darmanin sur l’immigration est en train d’être discutée la libération de la parole raciste s’accélère. Au Parlement, la droite et l’extrême droite, en roue libre, font dans la surenchère raciste à des fins électorales. Loin des palais de la République, ce sont les associations de soutien et d’aide aux migrantes qui subissent les assauts de l’extrême droite dans une indifférence quasi générale, signe d’une extrême droitisation de la société dans son ensemble.

L’information est passée quasi inaperçue : le 13 octobre, Marine Le Pen a été condamnée à 500 euros d’amende avec sursis pour diffamation envers la Cimade qu’elle avait accusée d’organiser « la filière d’immigration clandestine en provenance des Comores » à Mayotte lors d’un entretien à BFM-TV en janvier 2022. Si l’affaire paraît anecdotique, elle est cependant révélatrice des attaques menées par l’extrême droite envers les associations d’aide aux migrantes. Le verdict contre Marine Le Pen tombait le jour où une attaque au couteau était perpétrée dans un collège à Arras.

Le procédé est classique : celles et ceux qui agissent en solidarité avec les migrantes sont désignées comme étant les responsables à la fois des migrations mais également des drames vécus par les migrantes : les associations d’aide aux migrantes étant rendues complices des passeurs.

Ils jouissent des drames, ils s’en nourrissent

Si les discours mettant en cause les migrantes ne sont pas nouveaux – ils abreuvent en effet la « fachosphère » et les sites de « réinformation » – on observe une augmentation de ces discours et de leur diffusion dans les médias mainstream depuis l’attaque au couteau à Annecy en juin dernier. L’auteur des faits, un réfugié syrien, représente aux yeux de l’extrême droite le coupable idéal. Éric Zemmour allant jusqu’à parler de « francocide ». De leur côté, les groupes de rue défilaient aux cris de slogans nationalistes tel que :« Bleu, blanc, rouge, la France aux Français » ou carrément nationaliste révolutionnaire :« Europe, jeunesse, révolution ». Déjà en octobre 2022, le meurtre de Lola avait été l’occasion de sordides récupérations haineuses donnant lieu à des rassemblements dans de nombreuses villes.

Le meurtre de Dominique Bernard à Arras par un jeune homme d’origine ingouche a été l’occasion de franchir un nouveau pallier. La Cimade, qui avait accompagné la famille du meurtrier, est prise pour cible et reçoit des menaces de mort.

L’essentialisme est la racine du racisme

Ces derniers jours, c’est encore la Cimade et son festival Migrantscène qui sont visées, cette fois par le collectif fémonationaliste Némésis. L’association est accusée de favoriser l’arrivée de migrantes, lesquelles seraient « naturellement » des criminelles en puissance. Némésis voyant dans les migrants, et notamment les hommes de confession musulmane, la cause première des agressions envers les femmes… ignorant délibérément que concernant les agressions sexuelles faites aux femmes « dans 91 % des cas, ces agressions ont été perpétrées par une personne connue de la victime. Dans 47 % des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits ». [1]

Face à la droite et l’extrême droite nous devons afficher une solidarité sans faille vis-à-vis des migrantes et des associations qui leurs viennent en aide et plus généralement envers les minorités cibles de leurs politiques discriminatoires. C’est une nécessité de réactiver nos réseaux, d’en recréer, et d’agir pour que cesse la peur de voir un jour l’extrême droite aux manettes. La solidarité est une arme, c’est la notre : brandissons-la. Seules nos victoires les feront reculer !

David (UCL Savoies)

[1« Les chiffres de référence sur les violences faites aux femmes », Arretonslesviolences.gouv.fr.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut