Antifascisme

Allemagne : Bourgeoisie et extrême droite main dans la main




En Allemagne, un article de presse vient de dévoiler les liens entre droite, extrême droite et grande bourgeoisie, dans un projet de « remigration » de citoyens allemands. À quelques mois d’élections régionales et européennes, ces révélations suffiront-elles à inverser la dynamique politique ?

Le 10 janvier, le média d’investigation allemand Correctiv a révélé la présence de membres proches de la direction du parti de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le principal parti d’extrême droite allemand, aux côtés d’autres extrémistes néonazis à une réunion tenue en novembre à Potsdam, près de Berlin [1].

L’autrichien Martin Sellner, figure de la mouvance identitaire radicale, y a présenté son projet d’expulsion pouvant concerner jusqu’à près de 2 millions de personnes en Afrique du Nord, parmi lesquelles des étrangèr es et des demandeurs d’asiles mais aussi des citoyennes allemandes. L’internationale brune fonctionne à plein : Sellner, néonazi dans sa jeunesse, est aujourd’hui proche d’ex-Génération Identitaire et de la Nouvelle Droite, et s’inspire de concepts défendus par Zemmour.

Des funestes souvenirs

Ces révélations ont particulièrement choqué, rappelant notamment le projet nazi d’expulsion de 4 millions de Juifs à Madagascar en 1940. Elles ont déclenché une vague d’indignation dans le pays : ce sont plus de 1,4 millions de personnes qui ont manifesté depuis le 19 janvier à travers toute l’Allemagne [2].

Dans certaines villes, comme à Munich, les manifestations n’ont même pas pu démarrer tellement elles étaient massives. En plus des manifestations, de nombreux responsables politiques de droite, sociaux-démocrates et de gauche, des représentants religieux, et même des entraineurs du cham¬pionnat de foot allemand ont appelé à se mobiliser contre l’AfD. Un projet d’interdiction du parti est même à l’étude, en s’appuyant sur l’inconstitutionnalité des positions du parti.

Un des éléments les plus marquants est la présence, en plus d’identitaires et de radicaux assumés, de membres du principal parti de droite (la CDU) et de grands bourgeois. En Allemagne comme ailleurs, le racisme et le fascisme sont les outils de la bourgeoisie et l’extrême droite sa meilleure alliée.

Malgré cet élan antifasciste populaire, les sondages restent très bons pour le parti d’extrême droite qui est à la seconde place des intentions de votes aux élections régionales partielles derrière le parti conservateur, et même à la première place dans l’ex-RDA, les zones les plus pauvres du pays où il s’est implanté le mieux.

Une preuve de plus que l’antifascisme moral et de réaction ne suffit pas à inverser une tendance. Il faut au contraire s’attaquer aux racines de la progression de l’extrême droite, notamment la pauvreté, la crise du capitalisme et les discours racistes et antimigrant⋅es qui se développent depuis des années. C’est uniquement ainsi qu’un mouvement social massif et antifasciste pourra se construire sur le long terme, en Allemagne comme en France.

Hugo (UCL Montreuil)

 
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