Chérifa, collectif Femmes gilets jaunes (Paris – Île-de-France) : « Contre les violences sociales »




Au cours du mouvement des gilets jaunes, plusieurs groupes de femmes précaires ont vu le jour, et ont su se faire entendre, notamment à l’AG des AG de Saint-Nazaire. Chérifa, de Paris a répondu à nos questions.

Alternative libertaire : Peux-tu te présenter  ?
Chérifa : Cherifa, résidente du palais de la femme, sans domicile fixe depuis treize ans, maman et grand-mère.

AL : Peux-tu présenter le collectif Femmes gilets jaunes Paris - Île-de-France ?
C. : Créé dès le début du mouvement pour continuer la lutte, notre groupe Femmes gilets jaunes est le premier à avoir été créé, la parole des femmes étant indispensable à la lutte qui ne se fera pas sans nous. Les femmes qui s’expriment et revendiquent viennent de tous milieux. Elles prouvent que la solidarité apporte et que la parole se libère enfin... Égalité  !!! Réelle démocratie  ! Liberté  !

Les femmes en première ligne  ! Il faut mettre les revendications des femmes en avant  : la précarité touche plus de 58 % des femmes. Dans notre groupe, nous sommes des femmes venant de situations sociales variées. L’idée est de mettre ces revendications en avant face aux gilets jaunes majoritairement homme et souvent un peu trop machistes.

AL : Comment s’est constitué votre groupe  ? Pourquoi avez-vous trouvé ça nécessaire  ?
C. : Plus que nécessaire  : vital et primordial, urgent. Afin que ce gouvernement cesse de détruire la société. Nous n’avons plus le temps à perdre, il est nécessaire de passer à l’action contre le capitalisme, contre le fascisme, contre le colonialisme.

AL : Si tu devais décrire les manifs gilets jaunes  ?
C. : Solidaires et révoltées  ! Nous femmes précaires, en guerre, nous ne lâcherons rien  ! Nous n’avons plus rien à perdre. L’heure est à la construction d’une société égalitaire, démocratique et libre.

AL : Cette mobilisation a-t-elle changé des choses dans ta vie  ?
C. : Forcément on n’en sort pas indemne de lutter. C’est un investissement qui nous prend tout notre temps et énergie. Quand on croit en une lutte on grandit chaque jour avec des rencontres multiples, généreuses et solidaires.

AL : Ça vous a donné beaucoup de travail de vous occuper du site et vous avez coordonné plusieurs groupes de femmes gilets jaunes…
C. : Oh oui énormément de travail, d’heures de recherche, de lecture, de réflexion… Amener les femmes à se solidariser et à avoir une culture de lutte et revendication et de féminisme, de lutte des classes.

AL : Êtes-vous allées à l’AG des AG Saint-Nazaire  ?
C. : Oui. C’était intéressant et dynamisant. En particulier les ateliers de création et de réflexion concernant la répression, les actions, l’écologie, les élections européennes, les revendications… De cela est née un début de construction d’une nouvelle réflexion démocratique. Nous réclamons à la prochaine assemblée un carré spécialement femmes gilets jaunes  ! La prochaine rencontre de l’assemblée des assemblées se fera en juin.

AL : À partir de cette dynamique avec le réseau qui s’est constitué vous avez décidé
de mener un combat, tu peux m’expliquer  ?

C. : Oui, un combat journalier, à commencer par celui du logement pour les femmes résidant en hébergement social ou autre structure et qui sont dans la précarité et où le loyer s’avère plus élevé qu’un HLM. Nous sommes mobilisées contre les expulsions, contre la mixité des centres d’hébergement…
En ce sens une action a été menée le samedi 27 avril à 11 heures devant la mairie du XIe à Paris afin de faire pression sur le maire et d’exiger des logements immédiats et de suspendre les expulsions.

Nous nous battons contre les violences sexistes, les violences sociales, contre la lesbophobie, la transphobie, contre le racisme, contre la pauvrophobie. Même combat contre le capital.

AL : Et pour finir y a-t-il un moyen de suivre les mobilisations du groupe ?
C. : Oui, en vous rendant sur notre groupe Facebook, et sur notre page Femmes gilets jaunes. Et en nous soutenant afin de nous aider à récolter un peu d’argent pour aider les femmes précaires à vivre un tant soit peu dignement et manger correctement. Cet argent permet aussi d’avoir des supports visuels ainsi que de pouvoir recevoir des femmes venant d’autres régions de France à nos AG, manifestations, aux assemblées etc. Soutien aux dames gilets jaunes en lutte sur Leetchi.com

Femmes précaires  ! Femmes en guerre  ! Fières et déters  !

Propos recueillis par la commission antipatriarcat d’AL

 
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