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Bidonville de Bobigny : Un sursis...et une victoire




Le terrain attribué depuis cinq ans aux familles roumaines le long de la rue de Paris à Bobigny a permis l’insertion sociale de ses habitantes et habitants. Malgré sa réussite, il est remis en cause pour des raisons politiques.

En 2012, sous la pression d’un collectif de solidarité et d’enseignantes et enseigants mobilisé.es pour scolariser les enfants, la mairie communiste attribue une friche industrielle le long de la Nationale 3 à quelques familles roumaines, présentes sur la commune depuis de longues années malgré plusieurs expulsions de leurs bidonvilles successifs. Des aménagements minimum (eau, douches, électricité, toilettes...) sont installés en échange d’une indemnité d’occupation, que les familles ont toujours eu à cœur de payer chaque mois.

Une association est mandatée pour accompagner les familles vers le droit commun : papiers, travail, logement... Depuis ce temps, ni les conditions d’occupation ni le nombre de résidents n’ont changé. Quelques familles ont trouvé un logement. Toutes ont pu profiter de cette stabilité sécurisante pour régulariser leurs situations avec un recours au statut d’auto-entrepreneur pour plusieurs ­ferrailleurs. Et la parcelle de terrain qui finira par accueillir la construction de logements neufs n’est toujours pas concernée par la rénovation des berges du canal. Aucune urgence donc à briser net un parcours d’insertion.

Mais l’UDI a pris la mairie en 2014 avec dans ses dix promesses de campagne l’expulsion des familles installées en bidonvilles. C’est chose faite pour deux autres zones, malgré la longue mobilisation du terrain des Coquetiers, par exemple, qui a permis d’obtenir quelques résultats pour les familles. L’expulsion est plus difficile à justifier dans le cas de la rue de Paris, car l’occupation a été au départ contractuelle avec la mairie, jusqu’à ce revirement.

Changement de couleur politique

Le tribunal de grande instance a déjà retoqué par deux fois en 2017 la demande d’expulsion du propriétaire (Sequano, une société d’économie mixte dont la mairie est actionnaire). Un ultime jugement en appel aura lieu en octobre mais pour l’instant le TGI fait valoir l’intérêt supérieur des familles face au droit de propriété, position conforme au droit et pourtant rarement adoptée hélas. Pour contourner ces décisions de justice défavorables, le maire a pris fin mai un arrêté municipal demandant l’expulsion dans les 48 heures pour «  péril imminent  ».

Curieuse façon d’avouer avoir mis les familles en danger pendant quatre ans, puisque rien n’a changé sur le terrain  ! Ou bien piteuse manœuvre dans l’espoir que le tribual administratif de Montreuil, connu pour ses jugements favorables aux propriétaires, ouvre au préfet le recours à la force publique ? Toujours est-il que ce même tribunal administratif, saisi par l’avocate des familles, a suspendu l’arrêté d’expulsion.

Un sursis, et une nouvelle victoire pour quelques 150 personnes, soutenues par les enseignants de la ville et les associations La Voix des Roms, Mouvement du 16 Mai, l’Aset 93, la LDH, le Mrap etc.

Jean-Yves, (AL 93 Centre)

 
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