Biomasse : De l’alternative à la pompe à fric !




Tous les éléments d’alternative aux énergies fossiles sont progressivement
« récupérés » par les grands groupes industriels. Il en est ainsi de
la biomasse qu’ils veulent soumettre aux impératifs de la maximisation
des profits. L’exemple du CIBV en Corrèze et de son unité de production
de pellets, entre dans cette logique mortifère.

Face à la crise de l’énergie qui se profile, aménageurs urbains et industriels ne pouvant pas compter sur le renouvellement des énergies fossiles, se tournent vers l’exploitation des forêts. Au nom d’intérêts particuliers, la biomasse devient un enjeu du développement national. L’État organise l’accès des industriels aux grands espaces mis en réserve pendant les années 1970-80. Cette politique est mise en œuvre, comme habituellement, avec un grand mépris des populations locales.

Dans ce cadre, le projet Carbon Ingen’R Bugeat-Viam (CIBV) développé par la Somival vise à exploiter intégralement les ressources bois de tout un grand massif forestier, pour produire, au sein de son unité de production industrielle à Bugeat-Viam en Corrèze, des pellets torréfiés. [1] Le projet vient d’obtenir les autorisations préfectorales. Les débats et enquête publiques ont bien eu lieu… Mais malgré la forte contestation qui s’est manifestée dans la population, le représentant de l’État a tranché en faveur de l’industriel.

CIBV, synonyme de colonisation

Les multiples nuisances qui ont été soulevées par les collectifs n’ont pas ému les pouvoirs publics. Ces derniers se cachent derrière leur seul argument-prétexte pour faire accepter ce projet  : l’emploi. Une vingtaine d’emplois directs contre une noria de camions, une usine d’incinération géante, l’appauvrissement de la capacité forestière et la destruction du cadre de vie des habitants.

Pour l’ensemble des collectifs contre l’usine, il est important d’affirmer que ce projet est d’abord une privatisation de l’exploitation des forêts publiques. [2] Pour maximiser le volume de production de biomasse, les gestionnaires organiseront un appauvrissement de la diversité de plantations forestières. Le collectif biomasse critique la volonté de l’État d’imposer par tous les moyens des projets qui ne sont pas des solutions et appelle à une «  défense active contre l’offensive industrielle en cours sous le masque de la “transition écologique”  ».

Depuis des décennies, les forestiers de l’Office national des forêts (ONF) gèrent des surfaces toujours plus grandes en étant moins nombreux à travailler. Bien sûr, les obligations de rendement y ont toujours été fortes. Malgré cela la gestion publique s’est organisé sur un moyen terme – rotation sur 150 ans pour le chêne – et a toujours été plus efficiente que la gestion privée.

À l’heure de la défense de la biodiversité, la priorité est à des forêts plus en prise avec cette nécessaire diversité, en cohérence avec le territoire où elles sont implantées et avec les usages des populations locales. Au lieu de cela, l’État privatise la gestion de ces bois pour que des ingénieurs transforment les arbres en mètres cube et en kilowattheures. Ainsi ces arbres, leurs branchages, leur souche seront transformés en copeaux noirâtres pour remplacer ou compléter l’usage du charbon dans l’industrie. La transition n’est pas pour demain  !

Reinette noyée (AL Aveyron)

[1Petits bâtonnets de sciure de bois compactée.

[2« De la montagne en limousine et partout en France », sur Biomassecritique.noblogs.org.

 
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